Sur la sellette depuis plusieurs mois, Michel Arsenault devra faire face à une course à la direction.

Au centre d'une tempête depuis plusieurs mois, Michel Arsenault, le président de la Fédération des travailleurs du Québec, devra se battre pour conserver son poste, une première à la FTQ. René Roy, le secrétaire général de la centrale, compte déloger son patron au congrès de l'automne.

De sources syndicales, La Presse a appris que M. Roy, qui occupe le poste de secrétaire général depuis 12 ans, a laissé entendre la semaine dernière à plusieurs chefs des syndicats affiliés qu'il allait livrer bataille à M. Arsenault. Ses appuis se trouvent notamment dans les secteurs des communications, de l'automobile et des travailleurs du papier, a confié un participant à la réunion de la semaine dernière à Montréal.

M. Arsenault n'a pas encore annoncé officiellement qu'il demanderait un renouvellement de mandat, mais, dans les coulisses de la centrale, il a déjà laissé savoir qu'il ne comptait pas jeter l'éponge. Il doit d'ailleurs tenir un point de presse aujourd'hui, en tant que directeur québécois du syndicat des Métallos, d'où il est issu et où il conserve son ascendant.

Joint hier, René Roy a reconnu qu'il «songeait sérieusement» à se porter candidat à la présidence et qu'il comptait annoncer sa décision en septembre. Pour ses alliés à la FTQ, toutefois, sa candidature ne fait plus aucun doute; les «piliers» de son organisation sont déjà désignés dans les syndicats affiliés.

Les élections auront lieu à Montréal au terme du congrès de la fin novembre - le vote se tiendra le 3 décembre.

Des élections contestées ne sont pas dans les traditions de la centrale, la plus importante au Québec pour l'effectif. Louis Laberge avait quitté la direction à son heure et passé le relais à Clément Godbout, qui lui-même avait cédé sa place à Henri Massé sans épreuve de force. Michel Arsenault avait pris le relais d'Henri Massé, qui était parti avant la fin de son mandat.

Durant toute l'année 2009 et une bonne partie de 2010, la direction de Michel Arsenault a été plongée dans la controverse. L'image publique de la FTQ, du syndicat de la construction et du Fonds de solidarité avait été sérieusement mise à mal, mais la direction de la centrale avait jugé qu'elle était parvenue à calmer le jeu; il n'y avait pas eu de mouvement de défection lors du maraudage de 2009 dans l'industrie de la construction.

La FTQ-Construction était infiltrée par le crime organisé. Pour mettre le couvercle, M. Arsenault avait fait mettre sur une voie de garage Jean (Johnny) et Jocelyn Dupuis, respectivement président et directeur de ce syndicat affilié. En même temps, il s'était placé au coeur de la tempête en reconnaissant avoir passé des vacances dans les îles Vierges aux frais de l'entrepreneur Tony Accurso, patron de Construction Louisbourg. Il avait défendu bec et ongles M. Accurso avant que celui-ci ne se trouve au centre de nombreux reportages sur son influence dans la FTQ-Construction et le Fonds de solidarité du Québec. M. Arsenault avait reconnu par la suite qu'il aurait été mieux avisé de ne pas être si proche de M. Accurso, que le Fonds de solidarité avait choisi pour partenaire dans de nombreux projets immobiliers. Plus récemment, une autre entreprise de M. Accurso, Simard Beaudry, l'un des plus importants entrepreneurs du Québec, s'est retrouvée dans la ligne de mire de la police fédérale pour avoir produit de fausses déclarations fiscales.

Par la suite, le président Arsenault n'est pas parvenu à discipliner la FTQ-Construction, passée sous la direction de Richard Goyette, qui a démissionné après quelques mois. Il a dû se contenter de prendre acte de la décision du syndicat d'appeler à la rescousse l'ancien président Henri Massé pour calmer le jeu, le printemps dernier. Son entourage avait d'abord nié carrément le retour de l'ancien président comme «redresseur» à la FTQ-Construction.