Après avoir passé plus d'une semaine les pieds dans l'eau, place au système D! Plusieurs sinistrés d'un pâté de maisons de Saint-Jean-sur-Richelieu ont décidé de de retrousser leurs manches, de chausser leurs bottes de pêche et de continuer à vivre malgré la situation.

Un comportement qui se traduisait par plusieurs scènes insolites, jeudi, dans le quartier en question, situé en bordure du Richelieu. À commencer par ces riverains qui allaient faire des courses en canot, kayak et même en vélo. Des citoyens qui refusent tout simplement d'abandonner leur demeure aux intempéries. Comme ce père de famille de la rue Beaubien, qui pompait l'eau de son sous-sol et installait des digues à l'aide de sacs de sable, autour de son jumelé. «Si je pars, l'eau va finir par entrer», a expliqué l'homme, à bout de souffle. Ses efforts avaient pour l'instant préservé sa demeure de l'eau.

Pour ses déplacements, il dit utiliser une petite embarcation que lui a prêtée un voisin qui a déserté.

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Un peu plus loin, quelques amis faisaient le nécessaire pour sauver leur maison. «Ici, c'est la salle des machines!», a lancé Jonathan Vivier, d'un ton badin, en désignant une demi-douzaine de pompes à piscine en train d'évacuer par gros jets l'eau du sous-sol. Une toile en polythène avait aussi été déroulée tout autour du bungalow. Les colocataires ménagent l'eau potable et croisent les doigts pour conserver l'électricité et éviter les refoulements d'égout. Pour manger, ils s'installent dans leur kayak et rament jusqu'à la terre ferme pour ensuite aller chercher de la nourriture au restaurant et la rapporter. «On doit improviser. On n'a jamais vécu quelque chose de semblable. On est débrouillards, faut croire!», a ajouté M. Vivier.

Photo: Patrick Sanfaçon, La Presse

Au bout de la rue, on apercevait un homme avec ses bottes de pêche avançant péniblement dans la rue inondée. Il avait de l'eau jusqu'à la taille et agrippait des sacs d'épicerie de chaque bras. «Je dois marcher trois coins de rue pour me rendre à ma voiture, c'est essoufflant pour un vieux comme moi!», a lancé Réal Poirier. «J'ai du lait, des oeufs, du pain. Il faut bien continuer à manger», a ajouté le sinistré, bien déterminé à rester chez lui avec sa femme.

Rencontrés dans le voisinage, Christian L'Heureux et sa soeur héritent pour leur part d'une tâche inattendue. Ils doivent s'occuper de la maison de leurs parents, en voyage à l'étranger, pendant que les éléments se déchaînent dans leur quartier. Leur maison est toujours au sec, leurs enfants veillent au grain en utilisant des pompes. «J'ai grandi ici et ce sont de loin les pires inondations que j'ai vues», a résumé le jeune homme, avant de reprendre sa marche vers la résidence familiale.





Photo: Patrick Sanfaçon, La Presse