Les policiers de l'Escouade régionale mixte gangs de rue Montérégie ont mis un frein cette nuit aux activités de deux maisons de jeu clandestines opérées par des membres de gangs d'allégeance bleu.

Pilotée par la police de Longueuil, l'opération s'était amorcée en septembre, à la suite de plaintes de voisins de ces maisons de jeu, aménagées entre les murs de logements du Vieux-Longueuil et de Greenfield Park.

Les policiers ont frappé simultanément cette nuit vers une heure aux deux adresses. Personne ne se trouvait alors sur les lieux. Ils ont trouvé des tables de jeux, des jetons, des accessoires pour consommer des stupéfiants et de petites sommes d'argent.

Deux suspects, reliés aux gangs de rue, ont été épinglés cette nuit à leur sortie d'un bar à Montréal.

D'autres individus, identifiés comme les tenanciers des deux endroits, devraient être arrêtés au cours des prochains jours.

Ils seront accusés d'avoir tenu et d'avoir fréquenté une maison de jeu. «C'est la première fois qu'on accusera des gens en vertu de ces chefs criminels sur notre territoire», indique l'agent Martin Simard de la police de Longueuil.

Le logement démantelé sur la rue Beauregard, dans le Vieux-Longueuil, se fond parfaitement dans le paysage. Mais l'intérieur du modeste trois et demie avait été aménagé en petit casino. «La cuisine avait été transformée en bar et les joueurs prenaient place dans le salon. Il y avait de la place pour une vingtaine d'entre eux», explique l'agent Simard.

Les volets sont tirés devant l'immense fenêtre du logement. La maison de jeu clandestine se trouvait au demi sous-sol d'un immeuble résidentiel défraîchi. Par une fenêtre brisée sur le côté du bâtiment, on aperçoit le comptoir du «bar» dans la cuisine, devant un tabouret et un réfrigérateur. Plusieurs fauteuils en cuir sont éparpillés dans le salon, près des divans. Une tapisserie représentant des cartes à jouer ceinture la pièce. Un cadre du film Scarface est accroché au mur. Même si les voisins interrogés flairaient quelque chose de louche, ils semblaient ignorer la nature exacte des activités qui se déroulaient à l'intérieur du logement. «Il y avait un party à toutes les fins de semaine. J'ai jamais su quel gars de la gang habitait là!», lance ce voisin, les traits tirés. Les gyrophares des policiers ont tenu les voisins éveillés jusqu'à environ cinq heures ce matin. «Cet été, une personne avait été poignardée dans la rue durant un de ces partys», ajoute ce voisin.

L'autre maison de jeu était opérée au sous-sol d'un édifice commercial de Greenfield Park, à l'angle des rues De Springfield et Churchill. Une cinquantaine de joueurs pouvaient jouer dans le logement. L'immeuble abrite notamment un club vidéo, un centre de conditionnement physique et un salon de coiffure. Un grand stationnement réservé jouxte le bâtiment, protégé par des caméras de surveillance. Selon les voisins, l'endroit a toujours abrité des commerces aux activités louches. «L'an dernier, il y avait un spa mais c'était de la prostitution. Ensuite, ils ont essayé d'ouvrir un peep show. La ville avait accordé le permis, mais plusieurs voisins ont manifesté plusieurs jours devant le bâtiment pour empêcher son ouverture. Et six mois plus tard, c'était au tour d'une maison de jeu», explique ce voisin.

Ce dernier était aux premières loges pour observer les habitudes de la clientèle de la maison de jeu. «À chaque nuit, vers 23h ou minuit, des gens se présentaient devant l'entrée, composaient un numéro au cellulaire et quelqu'un venait les chercher à la porte. Il y avait parfois une trentaine de voitures dans le parking», raconte ce voisin.