L'opération policière «Malaise» de la Sûreté du Québec (SQ), qui s'est attaquée à un réseau de présumés pédophiles, est en train de connaître son dénouement devant les tribunaux. Quel sera le bilan de cette opération d'envergure? Deux ans plus tard, tout n'est pas fini, mais plus de la moitié des accusés ont plaidé coupable.

Un groupe de 15 hommes avaient été arrêtés et accusés initialement de crimes de pornographie juvénile en janvier et février 2016. Le plus jeune des accusés avait 27 ans et le plus vieux 74 ans au moment de leur arrestation. Les faits qu'on leur reproche remontent à 2003 et dans certains cas se sont produits jusqu'en 2016.

Le groupe a été surnommé «le club social des pédophiles» parce certains hommes ont été accusés non seulement d'avoir distribué, produit ou accédé à de la pornographie juvénile, mais aussi de s'être donné des conseils pour approcher des jeunes, ainsi que d'avoir partagé sur leurs expériences sexuelles avec des enfants.

Des accusations de contacts sexuels sur des mineurs avaient été ajoutées par la suite pour trois d'entre eux - André Faivre, Jean-Marc St-Hilaire et Roger Lepage - les actes reprochés en ce qui les concerne n'étant pas confinés au monde pornographique.

Onze perquisitions avaient été menées dans diverses résidences.

L'opération «Malaise» s'est déroulée dans les régions de Montréal, de Québec, de Lévis, de Trois-Rivières, de Saint-Eustache et de Toronto. Un agent avait aussi réussi à s'infiltrer parmi les membres présumés du réseau pédophile.

Un second volet de l'enquête a permis à la SQ de procéder à l'arrestation de trois autres hommes plus tard en 2016 pour de présumés attouchements sexuels sur des mineurs. Cela portait le nombre d'arrestations à 18.

Plaidoyers de culpabilité

Parmi ceux qui ont plaidé coupables - soit 10 sur 15 - les peines ont varié selon les accusations.

Mais la plupart ont dû s'inscrire au Registre des délinquants sexuels, pour une période allant de 20 ans jusqu'à la perpétuité.

Francis Perron, Simon Brochu, Jonathan St-Pierre, Claude Paquette, Kenneth Jodoin, Jean Marc St-Hilaire et Roger Lepage ont tous reçu des peines de prison. Certains avaient toutefois purgé une partie ou la totalité de cette peine en détention provisoire et plusieurs ont aussi écopé de périodes de probation après les peines. Jessy Giroux a pour sa part reçu une peine de 12 mois à purger dans la communauté.

Vincent Rodrigue a aussi plaidé coupable et devrait bientôt connaître sa peine.

Le cas de Richard Lévesque est plus complexe: un chef d'accusation porté contre lui a été retiré, il a plaidé coupable à deux autres et son procès pour le quatrième chef est prévu pour le 12 septembre. Il devrait aussi connaître à ce moment sa peine pour les deux accusations pour lesquelles il a enregistré un plaidoyer de culpabilité.

Acquittements

Certains des hommes arrêtés ont été acquittés des accusations portées contre eux.

C'est le cas de Didier Chetelat, un enseignant de Montréal, de David Boucher et de Dave Turcotte. Ils ont signé un engagement de garder la paix pendant un an.

Procès

D'autres accusés ont préféré faire tester les accusations devant un juge.

Le procès de Patrick Charbonneau a été fixé pro forma pour le 13 septembre.

Quant à André Faivre, la tête présumée du réseau de pédophiles, son procès a débuté en février et il reprendra le 4 juin. L'homme gérait aussi un organisme sans but lucratif appelé «Les amis de toutes les minorités sexuelles» qui avait pour mission «d'offrir la même écoute attentive et respectueuse à toutes les minorités sexuelles taboues». Après son arrestation, l'organisme a été radié du registre des entreprises du Québec.

Contacts sexuels

Pour les trois accusés ajoutés dans le second volet de «Malaise» en juin et octobre 2016, il n'était pas question de pornographie pour eux: ils ont plutôt été arrêtés pour de présumés attouchements sexuels sur des enfants et aussi pour les avoir supposément incités à des contacts sexuels.

La Couronne a depuis retiré deux chefs d'accusation contre Denys Benjamin, mais il a plaidé coupable à un chef de contacts sexuels sur un mineur. Il a écopé d'une peine de 12 mois d'emprisonnement à purger dans la communauté, de trois ans de probation et il sera inscrit au registre des délinquants sexuels pour 20 ans.

Les procédures judiciaires se poursuivent contre Jean Simoneau. Ross Perrin a été déclaré inapte à subir son procès.