Le député libéral Guy Ouellette va témoigner jeudi dans le cadre du procès de Nathalie Normandeau et Marc-Yvan Côté, pour répondre à des questions autour des nombreuses fuites médiatiques qui ont émaillé cette affaire et aux raisons qui ont mené à l'arrestation de l'ancienne vice-première ministre.

Les avocats de la défense ont demandé que le député et ancien policier soit assigné à comparaître. Le député de Chomedey se présentera au palais de justice de Québec à 14 h jeudi, a confirmé à La Presse son avocat, Me François Marchand.

Mercredi, l'ancien entrepreneur en construction Lino Zambito a affirmé devant la Cour du Québec que Denis Gallant devait remplacer Robert Lafrenière à la tête de l'Unité permanente anticorruption (UPAC). Zambito a affirmé sous serment qu'il tenait cette information de Guy Ouellette.

M. Gallant, qui a été procureur à la Commission Charbonneau, était notamment le favori du ministre de la Sécurité publique, Martin Coiteux, toujours selon M. Zambito.  

« Denis Gallant était sur la short list pour être commissaire de l'UPAC, j'avais cette information. Mais c'est l'arrestation (de Nathalie Normandeau, NDLR) qui a renversé les choses, ça c'est ma vision des choses. »

Mais ce plan est tombé à l'eau après l'arrestation de Nathalie Normandeau en mars 2016, précipitée pour sauver Lafrenière, selon Zambito. Selon lui, «Normandeau avait été sacrifiée par le PLQ ».

« C'était un calcul de Lafrenière. Il a mis à genoux les libéraux. J'aurais mal perçu qu'on arrête Normandeau et que le lendemain on mette Lafrenière à la porte. C'est ma vision des choses », a déclaré M. Zambito dans le cadre du procès de Nathalie Normandeau, Marc-Yvan Côté et consorts.

Plusieurs requêtes en arrêt des procédures

L'ancien entrepreneur en construction a aussi révélé qu'il avait suggéré de mettre le patron de l'UPAC sous écoute. Zambito a été rencontré par des enquêteurs de la Sûreté du Québec en mai 2016. Ceux-ci cherchaient à trouver la source de nombreuses fuites dans les médias d'éléments d'enquête sur la corruption.

« Je mettrais Lafrenière sous écoute, je mettrais Jean Louis Dufresne, chef de cabinet Couillard, sous écoute, et peut-être que vous aurez vos réponses », a conseillé Zambito à la SQ, selon son témoignage mercredi.

M. Zambito est arrivé au palais de justice de Québec entouré de plusieurs policiers chargés d'assurer sa sécurité. Il a été appelé à témoigner par les avocats de Nathalie Normandeau et Marc-Yvan Côté.

La défense a déposé à la Cour du Québec plusieurs requêtes en arrêt des procédures. Ils arguent que les fuites dans les médias ont nui à leurs clients et ont miné leurs chances d'avoir un procès juste et équitable. « Ils sont condamnés de facto dans l'esprit du public », affirme la défense.

La défense soutient également que Mme Normandeau a été arrêtée précipitamment pour des raisons politiques. La semaine dernière, l'un des coaccusés, l'ancien maire de Gaspé François Roussy, a déposé devant le tribunal le témoignage d'un policier qui corrobore cette théorie.

L'ancien enquêteur de l'UPAC expliquait dans une déclaration que l'arrestation de l'ancienne vice-première ministre avait été devancée pour coïncider avec le dépôt du budget provincial.

« Je n'ai jamais su d'où venait l'ordre de faire cela si rapidement, et pourquoi cette date », expliquait l'enquêteur dans sa déclaration.