«On la tue! On la tue! Mon père vient de tuer ma mère!», hurle l'adolescente au bout du fil. À l'étage, son père vient de s'enfermer dans les toilettes avec sa mère, Catherine de Boucherville. Cet appel au 911 à glacer le sang a été joué au jury hier en lever de rideau du procès pour meurtre prémédité d'Ahmad Nehme.

«Il voulait la divorcer aujourd'hui», sanglote la fille du couple, haletante, à la répartitrice. Au bout de 90 secondes, elle lâche un hurlement d'un rare désespoir. Sa terreur est bouleversante. « Oh mon dieu ! Maman! Oh my God ! C'est papa, il va à l'enfer! Envoyez l'ambulance ! Ma mère est morte! Elle est morte dans la baignoire ! Mon père l'a tuée, il est plein de sang sur toutes ses mains. Faites vite s'il vous plaît!», hurle-t-elle, en gémissant. Pendant ces minutes cauchemardesques, son jeune frère autiste de 13 ans se trouve toujours dans une chambre de la maison, révèle-t-elle.

Ce matin du 5 juillet 2012, le corps de Catherine de Boucherville, 44 ans, a été retrouvé dans la baignoire de la résidence familiale de l'arrondissement de La Salle à Montréal. Selon la thèse de la Couronne, le couple de l'accusé «battait de l'aile» à l'été 2012. Jaloux, Ahmad Nehme reprochait à sa femme de lui être infidèle, ce qui exaspérait cette dernière. Le couple ensemble depuis près de 20 ans faisait dorénavant chambre à part. La nuit précédant le meurtre, l'accusé n'avait pas dormi à la maison. 

« Pendant que la victime se préparait dans la salle de bain, l'accusé est rentré dans la résidence, s'est dirigé vers la salle de bain. Au même moment, des hurlements se sont fait entendre dans la résidence. La victime a crié à [sa fille] d'appeler le 911. Catherine de Boucherville fut retrouvée gisant sans vie dans le fond du bain. Elle avait été poignardée à mort par l'accusé», a affirmé le procureur de la Couronne Éric Côté dans son exposé introductif. 

Au cours du procès, la fille de 16 ans du couple qui a fait l'appel au 911 viendra «raconter en détail ce qu'elle a vu, entendu, ressenti et vécu au moment où son père poignarde à sa mort sa mère», a soutenu Me Côté. Une voisine viendra témoigner avoir entendu un «cri de mort d'une femme», puis avoir vu un homme quitter l'appartement «rapidement et l'air fâché» pour se rendre vers une voiture rouge et retourner dans l'appartement. Une autre voisine, devenue la confidente de la victime, parlera de l'état de celle-ci par rapport à la «rupture» du couple.

Ahmad Nehme, 53 ans,  est défendu par Me Robert Israël et Me Giuseppe Battista.

PHOTO DEPOSÉE EN PREUVE

Catherine De Boucherville

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Le couteau qu'aurait utilisé Ahmad Nehme lors du crime.