Sébastien Dolan-Sanchez, reconnu coupable récemment par un jury de gangstérisme et d'exportation de marijuana vers les États-Unis, a été condamné à sept ans et demi de pénitencier ce matin, au Palais de justice de Montréal.

La couronne réclamait huit ans et demi, la défense quatre ans, mais la juge Hélène Di Salvo a davantage tranché en faveur de la poursuite en soulignant plusieurs facteurs aggravants face à un seul facteur atténuant, celui que le jeune homme n'avait, avant cette affaire, aucun antécédent criminel.

Dolan-Sanchez, 31 ans, a été arrêté le premier novembre 2012 avec une centaine d'autres individus dans une importante opération de la Sûreté du Québec baptisée Loquace visant un consortium de six individus - liés notamment aux Hells Angels et au crime organisé irlandais- et les membres de leurs cellules qui cherchaient à obtenir le monopole de la distribution de cocaïne au Canada.

Il était chauffeur pour une compagnie de transport qui, tout en faisant l'importation légale de roulottes américaines au Canada, exportait des centaines de kilos de marijuana vers les États-Unis, en les cachant dans un faux réservoir d'essence aménagé dans la boite de leurs camionnettes. Une fois la marijuana livrée, les chauffeurs rapportaient soit de l'argent, soit de la cocaïne dans la région de Montréal.

Entre mai 2011 et novembre 2012, Dolan-Sanchez a fait 45 voyages aux États-Unis, dont 30 durant lesquels il a exporté de la marijuana ou rapporté de l'argent au Québec. Selon un témoin entendu au procès, il aurait même rapporté une somme de 800 000 $ durant l'un de ses voyages. Un autre a raconté la façon dont la compagnie de transport fonctionnait. Dolan-Sanchez faisait partie de l'équipe officielle des chauffeurs de l'organisation, et a même recruté trois transporteurs. Il était payé entre 3500$ et 4000$ pour chaque voyage.

Un fléau

Durant le procès, Sébastien Dolan-Sanchez a témoigné et admis avoir transporté de l'argent, mais jamais de marijuana. Il a également déclaré ne pas avoir été au courant que l'organisation importait de la cocaïne. «Le jury ne l'a pas cru», a dit la juge Di Salvo. «Et son témoignage à l'étape des représentations sur sentence n'a apporté aucun éclairage sur ses revenus et son emploi durant cette période», a-t-elle ajouté.

La juge Di Salvo a considéré, pour fixer la peine, les autres sentences variant entre 12 et 5 ans imposées aux responsables du volet transport de l'organisation et les chauffeurs. Dans le cas de Dolan-Sanchez, elle a considéré, comme facteurs aggravants, l'importante quantité -des centaines de livres- de marijuana exportée vers les États-Unis, le nombre de voyages, le niveau de préméditation et la sophistication des méthodes, le rôle du condamné, la période de temps de son implication et sa motivation: l'appât du gain.

«Le trafic de stupéfiants est un fléau et chaque individu, quel que soit son rôle, permet à l'organisation de vivre du crime. M. Dolan-Sanchez est loin d'être une victime, il faisait partie de l'organisation. Il faisait partie de l'équipe de six chauffeurs. Sans eux, l'organisation ne pouvait exister. Ils étaient essentiels pour elle», a déclaré la magistrate.

La juge impose également une amende de 105 000 $ à Dolan-Sanchez, une somme qui équivaut à la paie totale qu'il a reçue pour la trentaine de voyages illégaux qu'il a faits pour l'organisation. Elle lui ordonne de payer cette amende dans les sept années suivant sa sortie de prison sans quoi il devra purger deux ans supplémentaires.

La Poursuite était assurée par Me Philippe Vallières-Roland, Me Marie-Christine Lajoie-Filion et Me Juliana Côté alors que la Défense était assumée par Me Élizabeth Ménard et Me Alexandre Bien-Aimé.

Pour joindre Daniel Renaud, composez le (514) 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l'adresse postale de La Presse.