Jean-Philippe Tremblay a frappé Pina Rizzi à coups de «deux par quatre», puis l'a «achevée» en lui fracassant le crâne avec un gros morceau de ciment. Ça s'est passé dans un cabanon miteux de l'est de Montréal, le matin du 2 août 2009. L'ex-militaire, qui a maintenant 27 ans, est coupable de quelque chose, mais de quoi ? Lundi, la Couronne et la défense ont fait part de leur théorie respective au jury, qui aura à trancher.

Pour la procureure de la Couronne Catherine Perreault, il s'agit d'un meurtre prémédité, car c'est arrivé dans un contexte d'agression sexuelle, ou à tout le moins de séquestration.

L'avocat de la défense Martin Latour, a pour sa part invité le jury à opter pour un homicide involontaire, car selon son évaluation de la preuve, l'accusé n'avait pas l'intention requise pour le meurtre. Il soumet par ailleurs qu'il n'y a pas de preuve d'agression sexuelle, ni se séquestration. Mme Rizzi avait bu et consommé de la cocaïne cette nuit-là. Ses amis étaient partis, mais elle avait continué à faire la fête.  

Elle avait un faible pour les hommes jeunes. Elle a croisé le chemin de l'accusé, qui avait 19 ans au moment des faits.

Les faits

Selon les dires de M. Tremblay, il a rencontré Mme Rizzi sur la rue, et ont marché ensemble sur la rue Sainte-Catherine Est. Ils se sont rendus dans le cabanon, situé à l'arrière d'un immeuble désaffecté.

Une caméra du port de Montréal a filmé, de loin, les deux silhouettes qui entraient dans le cabanon, un peu avant 6 h. Une quinzaine de minutes plus tard, Mme est sortie, et monsieur aussi. Ils ont marché.

On ne peut distinguer s'ils s'enlaçaient ou se tiraillaient. Ils sont sortis du champ de la caméra quelques instants.

Quand ils sont revenus devant la caméra, Mme Pizzi était au sol, et M. Tremblay la traînait. Il l'a traînée dans le cabanon et elle n'en est plus jamais sortie. Lui, il est reparti vers onze heures.

Deux jours plus tard, un homme qui se cherchait une place pour dormir a pénétré dans le cabanon et a découvert le cadavre. Le corps ensanglanté était caché dans un tapis, qui avait brûlé en partie.

Arrestation

Des preuves d'ADN et des empreintes ont mené à l'accusé quelques années plus tard, soit en mars 2013.

L'accusé n'a pas témoigné à son procès. Le jury dispose toutefois des versions  qu'il a données lors de son interrogatoire de neuf heures. Il a d'abord commencé par nier toute implication, puis a fini par admettre qu'il avait tué cette femme qu'il n'avait jamais vue auparavant.

En résumé, il disait avoir perdu les pédales parce qu'il n'arrivait pas à avoir d'érection, qu'elle le traitait de «looser», qu'elle était agressive et que l'adrénaline avait monté. Il ne voulait pas lui faire de mal, mais la victime a eu la tête fracassée sous la violence des coups. Le procès se poursuit mardi avec les directives au jury.

Retardé par le Grand Prix

Il est à noter que ce procès pour meurtre a été interrompu pendant toute la semaine dernière, en raison du Grand Prix.  

Ceci parce qu'il n'y avait plus d'hôtels disponibles dans la région, pour accueillir les 12 membres du jury. Une fois que les jurés ont commencé leurs délibérations, ils ne peuvent retourner chez eux. Ils dorment dans des hôtels.

Or, selon ce que la Juge Sophie Bourque a dit aux jurés, tous les hôtels étaient pris. Il aurait fallu aller plus loin, faire une heure et demie de trajet en autobus le matin, et pareillement le soir. Le procès se poursuit mardi avec les directives de la juge au jury. Dès après, celui-ci entamera ses délibérations.

Arguments de la Couronne :  

• Pina Rizzi, 47 ans, n'avait plus son pantalon. Celui-ci, imbibé de sang, était enroulé autour de son cou. Son soutien gorge était détaché, et son chandail était relevé sur sa tête. Elle affichait des plaies de défense.

• Elle était inconsciente quand elle a été traînée dans le cabanon par l'accusé.

• De l'ADN de l'accusé a été trouvé sur un de ses seins.

Arguments de la défense :

• Mme Rizzi semblait très consentante, et est entrée volontairement dans le cabanon avec l'accusé.

• Elle n'a pas résisté quand elle a été traînée dans le cabanon, la deuxième fois.

• La victime n'avait pas l'ADN de l'accusé sous les ongles. Elle n'avait pas non plus de plaie aux jambes, ce qui aurait pu montrer qu'elle s'était débattue pour ne pas subir une agression sexuelle.

• Aucune trace de sperme n'a été décelée.