Vingt ans. C'est le temps que Richard Henry Bain, 66 ans, devra passer en prison avant de pouvoir demander une libération conditionnelle, pour avoir commis l'attentat mortel du Metropolis, en septembre 2012.

En rendant sa décision, vendredi, le juge  Guy Cournoyer a insisté sur l'aspect «politique des gestes», qui étaient «motivés par la haine basée sur les opinions et croyances des membres du Parti Québécois.»

Tard le soir du 4 septembre 2012, M. Bain s'était présenté encagoulé, vêtu d'une robe de chambre et lourdement armé, au Metropolis, alors que le Parti Québécois y célébrait sa victoire électorale. Il voulait empêcher Pauline Marois, tout juste élue première ministre du Québec, de faire son discours. Il en voulait aux «séparatistes.» Il avait tiré un coup de feu en direction d'un groupe de personnes réunies devant l'entrée des artistes, avant que son arme ne s'enraye. La balle a tué le technicien de scène Denis Blanchette, et a gravement blessé son collègue, Dave Courage. M. Bain avait été arrêté quelques minutes plus tard.

Troubles mentaux

M. Bain a présenté une défense de non-responsabilité pour troubles mentaux, lors de son procès, l'été dernier, mais le jury ne l'a pas retenue. Il l'a déclaré coupable de meurtre non prémédité, alors qu'il y avait preuve de préméditation. Le juge croit que le jury a sans doute eu un doute raisonnable sur la préméditation, vu l'état mental de M. Bain.

Le juge convient que le comportement de M. Bain ce fameux soir, était inhabituel. Il n'avait jamais fait preuve de violence avant. Mais le juge évalue que l'état mental de M. Bain n'apporte pas d'explications aux gestes, si bien qu'il ne considère pas que c'est un facteur atténuant.

Réactions

Installé dans un immense box vitré, M. Bain a accueilli l'annonce de sa sentence sans broncher. Son avocat, Me Allan Gutman, s'est montré fort déçu après l'audience, et n'a pas caché qu'il envisageait d'en appeler de la peine. «J'ai demandé dix ans, je ne m'attendais pas à l'avoir, mais je n'ai jamais pensé avoir 20 ans. C'est un jugement très dur. Une sentence presque de mort.» Selon lui, l'état mental aurait dû être pris en considération. Le jury en a tenu compte. M. Bain n'est plus le même depuis qu'il a la bonne médication, il n'a plus d'agressivité, dit-il.

Le procureur de la Couronne Dennis Galiatsatos, qui demandait 25 ans, s'est montré satisfait de la peine. «J'espère que le jugement va aider les victimes à tourner la page, a-t-il dit.

Dave Courage, qui a été sérieusement blessé, s'est montré satisfait lui aussi. Je trouve que la sentence est adéquate. Le juge a fait sa job, tout le monde a fait sa job. Je suis très content.»