Tous voudraient que ce ne soit pas arrivé, mais c'est arrivé. La nuit du 23 avril 2013, le chauffeur d'autobus Marc-Olivier Fortin a été tabassé par trois jeunes passagers mécontents, sur le boulevard Saint-Laurent. Les séquelles affectent encore sa vie. Reste maintenant à déterminer quelle peine doit échoir aux deux accusés, Jeffrey Saint-Cloud et Daniel Quiroz Rivas, qui ont plaidé coupable à une accusation de voie de fait grave dans cette affaire.

«Ce n'est pas moi, je ne me reconnais pas», a fait valoir d'une voix à peine audible Jeffrey Saint-Cloud, hier, alors qu'il témoignait dans le cadre des observations sur la peine. L'homme de 23 ans faisait allusion au fait que ce n'était pas dans sa nature d'agir ainsi. Un peu plus tôt, sa mère, sa cousine et le directeur d'un organisme de Montréal-Nord étaient venus vanter ses valeurs de pacificateur et ses qualités humaines. Ce qui s'est passé le 23 avril est un incident de parcours qui ne reflète pas du tout ce qu'est Saint-Cloud en réalité, ont-ils fait valoir. La procureure de la Couronne, Me Geneviève Langlois, ne semblait pas du même avis, et a signalé qu'en prison, il a un dossier disciplinaire.

Fâchés

Selon les témoignages entendus, cette fameuse nuit, vers 2h00, les trois jeunes ont couru pour attraper un bus sur Saint-Laurent, ont frappé dans la porte, mais le chauffeur a démarré sans les laisser monter, tout en leur lançant «un sourire». Un chauffeur de taxi qui aurait été témoin de leurs efforts les a fait monter gratuitement, pour les déposer plus loin afin qu'ils rattrapent le bus.

En montant dans le bus, les jeunes ont passé des commentaires au chauffeur, Marc-Olivier Fortin, qui aurait rétorqué à l'un d'eux: «Veux-tu une raclée?» Les jeunes sont allés plus loin dans l'autobus, et discutaient de l'incident. Arrivés à Jean-Talon, les trois sont sortis par la porte d'en avant en disant des mots au chauffeur. Le dernier, Jeffrey Saint-Cloud, a craché sur le chauffeur, qui a répliqué et s'est levé pour aller à la porte. Ça a dégénéré. Les trois jeunes sont revenus, ont frappé le chauffeur à coups de poing à la tête. Des passagers sont intervenus, et les trois agresseurs ont fui. Le chauffeur a été en mesure d'actionner le signal d'alerte.

Quand les policiers sont arrivés, le chauffeur ne voulait pas aller à l'hôpital et refusait de porter plainte. Il a fini par changer d'idée. Heureusement, car il était plus mal en point qu'il ne le pensait. Il a presque perdu connaissance, ne parlait plus de façon cohérente, tremblait et avait le regard vide, a témoigné la policière Nathalie Archambault.

Jeffrey Saint-Cloud s'est livré le lendemain, après que des images de ce qui s'était passé dans le bus eurent été médiatisées. 

Marc-Olivier Fortin a passé cinq jours à l'hôpital. Le premier jour, il était dans le coma.