Un pédophile montréalais de 84 ans qui faisait du tourisme sexuel en République dominicaine depuis un quart de siècle a écopé de sept ans de prison.

En échange de faveurs sexuelles, Joseph Charles Philippe Côté donnait des cadeaux aux jeunes filles: une poupée, un maillot de bain; il les invitait à sa piscine ou leur prêtait son scooter.

«Le fait que l'accusé filmait ou photographiait ses ébats lui-même, ou en sollicitant la participation d'une autre enfant pour le faire, ajoute à la gravité de l'atteinte à l'intégrité sexuelle des victimes», a souligné la juge Manon Ouimet dans sa décision, rendue hier au palais de justice de Montréal.

Ce pilote d'avion à la retraite a été reconnu coupable, au printemps dernier, d'accusations relatives à la pornographie juvénile ainsi que d'accusations d'attouchements sexuels sur des enfants de moins de 14 ans.

L'homme profitait de ses voyages en République dominicaine pour commettre ses crimes. Les accusations couvrent la période de janvier 2003 à octobre 2012.

Ni regrets ni remords

Le pédophile a jeté le blâme sur les parents de ses victimes, en disant que c'était eux qui - volontairement - envoyaient leur fille chez lui. Là-bas, «c'est de même que ça marche», a-t-il dit au sexologue chargé de l'évaluer. Il n'a ni regrets ni remords. Il ne manifeste aucun désir d'entreprendre une thérapie.

«Il ne s'agit pas de gestes spontanés ou isolés, mais d'un comportement dont la régularité, sur une longue période, témoigne de la planification, pour ne pas dire d'un mode de vie», a ajouté la juge Ouimet.

C'est en passant à la douane, le 17 octobre 2012, au retour de l'un de ses nombreux voyages en République dominicaine, que M. Côté a attiré l'attention des employés de l'Agence des services frontaliers. Ce pays des Antilles est connu comme un endroit où sévit le tourisme sexuel.

La Sûreté du Québec a ensuite obtenu un mandat pour analyser les fichiers informatiques de M. Côté. Au total, la police a trouvé quelques milliers de photos et de fichiers vidéo de fillettes correspondant à de la pornographie infantile dans son ordinateur et à son domicile montréalais.

M. Côté n'a pas été arrêté sur-le-champ à Montréal. Il est ensuite reparti en République dominicaine, où la police lui a mis la main au collet cinq mois plus tard. Les murs de sa chambre d'hôtel à Sosua étaient ornés de photos de très jeunes filles nues. Il a ensuite été rapatrié par le Canada pour être jugé.

La poursuite, qui demandait 10 ans de prison, est satisfaite de la peine. «Ça reflète une peine exemplaire et dissuasive», a dit la procureure de la Couronne, Rachelle Pitre.

En tenant compte du temps passé en détention préventive, il lui reste trois ans et cinq mois à purger.

Assis dans le box des accusés, l'octogénaire avait la tête basse lorsque la juge a prononcé son jugement sur la peine.

«Les enfants dominicains ont droit à la même protection que les enfants d'ici. La réprobation sociale des Canadiens doit s'exprimer avec autant de vigueur», a conclu la juge Ouimet.

L'avocat de l'accusé, Me Gerson Foisy, n'a pas commenté la décision à sa sortie du tribunal. Il recommandait une peine de moins de quatre ans.