Un collègue de l'ancien employé du Parti conservateur accusé de fraude électorale en lien avec le scandale des appels automatisés a déclaré, lundi, avoir entendu ce dernier discuter de tactiques secrètes pour influencer le vote.

Le procès de Michael Sona, accusé «d'avoir volontairement empêché ou de s'être efforcé d'empêcher un électeur de voter», s'est amorcé lundi à Guelph, en Ontario. S'il est reconnu coupable, le jeune homme de 25 ans pourrait écoper jusqu'à cinq ans de prison.

Selon ce qui a été dit en cour, des appels automatisés ont été effectués le 2 mai 2011 à plus de 6700 numéros de téléphone, pour la plupart à Guelph, informant les résidants que leur bureau de vote avait changé d'adresse.

La firme de télémarketing RackNine a été engagée pour réaliser les appels, mais a utilisé des pseudonymes, dont le fameux «Pierre Poutine», un téléphone mobile jetable et des techniques de masquage sur le Web afin de dissimuler son identité.

Le procureur Croft Michaelson a dit s'attendre à ce que plusieurs témoins confirment que Sona a orchestré les appels afin d'aider les conservateurs à remporter la circonscription de Guelph avant de se vanter de son exploit.

Chris Crawford, un «très bon ami» de l'accusé qui a agi comme président de la campagne de Marty Burke, le candidat conservateur dans Guelph, a été le premier témoin du procès. Il a raconté au tribunal avoir entendu une conversation entre Michael Sona et un autre employé un soir au bureau de la campagne de M. Burke dans les semaines précédant le scrutin.

Au début, M. Crawford ne s'est pas rappelé des détails de la discussion. Mais après avoir passé en revue la déclaration qu'il a faite à Élections Canada en 2012, ses souvenirs sont devenus plus précis.

«Il a évoqué la possibilité d'appeler les partisans des libéraux tard le soir, vers 23 h, afin de les mettre en colère, ce genre de choses», a indiqué le témoin.

Dans son exposé des faits présenté plus tôt, la Couronne avait affirmé que la même personne qui avait retenu les services de RackNine pour les appels automatisés à l'intention des électeurs de Guelph avait aussi commandé une autre série d'appels.

Cette dernière, qui n'a jamais été effectuée, aurait diffusé un message conçu pour donner l'impression qu'il provenait du candidat libéral local et se serait déroulée entre 4 h et 6 h 45 du matin.

Interrogé par l'avocat de la défense, Norm Boxall, à savoir s'il avait eu l'impression que Sona comptait passer à l'action, Chris Crawford a répondu par la négative. Il a admis que c'était seulement lorsque les médias avaient présenté son ex-collègue comme un suspect dans cette affaire qu'il avait pris la conversation au sérieux.

Parmi les autres témoins attendus à la barre dans le cadre du procès figurent Andrew Prescott, un ami de Michael Sona qui a accepté de collaborer avec la Couronne en échange de l'immunité. Il devrait témoigner mardi.