Après des mois de tergiversations, un premier méga-procès de présumés membres des Hells Angels devrait s'amorcer une bonne fois pour toutes le 3 septembre.

Ainsi en a décidé le juge de la cour supérieure James Brunton, ce lundi avant-midi au centre de services judiciaires Gouin.

C'est le groupe du chapitre de Sherbrooke qui sera donc le premier à être jugé, près de quatre ans après l'opération policière SharQc qui avait permis la mise en accusation de 131 présumés membres et proches des Hells Angels.

Au départ, le Directeur des poursuites criminelles et pénales avait regroupé les accusés en 11 groupes devant tous subir un méga-procès dans l'une des deux salles de la petite forteresse faisant office de palais de justice, adjacent à la prison de Bordeaux.

En fait, on avait divisé les accusés en cinq chapitres, Montréal, Sherbrooke, Québec, Trois-Rivières et South. Chacun aurait subi un procès pour meurtres et complots pour meurtres, et un second pour des accusations liées au trafic de drogue. Un sixième groupe de sympathisants non liés à un chapitre en particulier n'aurait subi un procès que pour des accusations liées au trafic.

Dans une décision qui avait secoué la couronne et la police, le juge Brunton avait d'ailleurs annulé les six procès non liés aux meurtres, estimant que le système judiciaire ne pourrait jamais tous les tenir en des délais raisonnables. On en aurait eu jusqu'en 2023, estimait-il à l'époque.

Ainsi, le sixième groupe de 31 accusés avait été libéré de toute accusation.

Beaucoup d'eau a coulé sous les ponts depuis. Plusieurs accusés ont plaidé coupables et les requêtes de part et d'autre se sont multipliées.

On a même déjà sélectionné un jury de 12 citoyens pour juger les présumés motards sherbrookois.

Lorsque le procureur aux poursuites criminelles et pénales leur fera entendre son exposé d'ouverture au cours duquel il exposera sa théorie, le 3 septembre, ce jury aura été constitué depuis près d'un an.

Et le procès pourrait durer près d'un an et demi.

Ce lundi matin devant le juge, les avocats de la défense ont une fois de plus demandé à ce que le procès soit repoussé plus loin, car ils accusent toujours la couronne de ne pas leur divulguer l'entièreté de la preuve contre leurs clients.

«Nous avons plaidé que la totalité de la preuve sera transmise à la défense d'ici les vacances estivales», a indiqué Me Jean-Pascal Boucher, porte-parole du Directeur des poursuites criminelles et pénales.

Satisfait, le juge a ordonné que le jury soit convoqué et que la preuve soit entendue à compter du 3 septembre. Les accusés sont Claude Berger, René Bibeau, Gaétan David, Mario Dion, Christian Ménard, Yvon Tanguay, François Vachon, Sylvain Vachon et Ghislain Vallerand.

Le second chapitre à être jugé devrait être celui de Québec. Par ailleurs, une des avocates de la défense, Me Cristina Nedelcu, a annoncé qu'elle déposerait une requête pour contester le mode de rémunération des avocats sous le régime d'aide juridique.