Une femme a été tuée et une autre a été très gravement blessée lorsqu'elles ont toutes deux été happées par un petit camion sur l'avenue du Parc près de l'avenue Bernard, hier en milieu de journée, dans le quartier montréalais du Mile-End.

La collision est survenue à une vingtaine de mètres au nord de l'intersection, en plein milieu de la chaussée.

Les élus municipaux du secteur sont rapidement montés au créneau pour dénoncer la dangerosité de l'importante artère qu'est l'avenue du Parc et l'« immobilisme » de Montréal sur cet enjeu.

Le décès de Barbara Nardo-Morandi, 66 ans, a été constaté à l'hôpital, alors que Carmela Monteleone-Randazzo, 63 ans, se trouvait toujours dans un état critique en fin de journée hier. Les deux victimes sont des résidantes des quartiers centraux de Montréal.

Le conducteur du camion, un homme de 64 ans, a été rencontré par les policiers. Il n'a jamais été mis en état d'arrestation.

À l'heure de l'accident, « l'avenue du Parc est achalandée », a rappelé le policier, et « il y a des véhicules stationnés » des deux côtés de la chaussée qui nuisent à la visibilité.

PARE-CHOCS DÉFONCÉ

Sur place, tout l'après-midi, le véhicule blanc était à moitié rangé en bordure de l'avenue du Parc. La partie gauche de son pare-chocs a été défoncée par l'impact, qui n'a pu être que violent. Des objets étaient répandus sur la chaussée, un soulier, entre autres.

« Quand je suis arrivé, la victime la plus gravement blessée n'avait pas de pouls et elle ne respirait pas », a indiqué Raphael Farkas, gérant de la boutique Koodo située tout près. Il s'est rendu sur les lieux en entendant la commotion.

M. Farkas a indiqué que les premiers répondants de l'organisation juive Hatzoloh ont été les premiers arrivés sur la scène de l'accident.

Tony, qui tient la boucherie Buymore à la même intersection, a indiqué avoir entendu du bruit, « mais pas comme une collision entre deux voitures ». « Je suis parti à courir. Les paramédics juifs sont immédiatement arrivés, alors je les ai laissés travailler », a-t-il relaté. Il a décrit les blessures très graves dont souffrait l'une des victimes.

DES RADARS PHOTO DEMANDÉS

Selon M. Farkas, « il y a souvent des accidents à l'intersection de Parc et Bernard, mais c'est souvent beaucoup moins grave, des accrochages ».

C'est aussi l'avis des élus de l'arrondissement du Plateau-Mont-Royal, à la limite duquel se situe le lieu de l'accident. S'appuyant sur les données de la Société de l'assurance automobile du Québec, ils rappellent que 158 piétons ont été blessés sur 4,7 kilomètres de l'avenue du Parc, entre son intersection avec la rue Sherbrooke et son intersection avec la rue Jean-Talon.

« L'avenue du Parc, on le sait, c'est une avenue qui est très large, où la vitesse est importante, et c'est très difficile d'y faire respecter les limites », a fait valoir la conseillère Marianne Giguère, leur porte-parole en matière de transport. « Et il y a une quantité phénoménale de piétons. »

Mme Giguère, affiliée à Projet Montréal, dénonce l'absence de modification dans les règles de circulation sur l'avenue dans les dernières années. « La configuration fait en sorte que c'est super dangereux et [que les accidents] sont inévitables », a-t-elle dit en entrevue téléphonique. « On a demandé officiellement au printemps dernier que des radars photo soient installés. On n'a jamais eu de réponse de la ville-centre. »