Préférant passer entre deux wagons d'un train immobilisé dans le Vieux-Port de Montréal plutôt qu'attendre quelques minutes, une jeune femme se retrouve ce matin dans un état critique, et amputée de ses deux jambes.

Elle était avec un groupe d'amis qui venait de quitter le bar les Terrasses Bonsecours, vers 1h45. Elle souhaitait regagner sa voiture garée sur la rue de la Commune. 

Mais un train lui barrait la route au niveau de la rue Bonsecours, entre le port et la rue de la Commune. 

Il était momentanément immobilisé, car des manoeuvres d'aiguillage étaient en cours. 

Seuls quatre wagons sur la centaine devaient encore traverser la rue Bonsecours pour complètement la libérer. Le long train devait se diriger vers l'est, la locomotive était déjà près du pont Jacques-Cartier. 

Il semble que la femme dans la trentaine ne voulait pas attendre que les quatre wagons aient fini de passer. Elle a décidé de passer entre deux wagons, pour gagner du temps. 

Comme c'est le cas à chaque passage d'un train dans le Vieux-Port, des agents de sécurité surveillent les intersections. Celui qui était en faction à cet endroit a vu la jeune femme effectuer sa manoeuvre. On ne sait pas s'il a interpellé la dame pour lui demander de ne pas passer. 

Selon nos sources, il a tout de même rapidement alerté ses collègues sur les ondes radio pour leur demander d'aviser le CN de la présence de personnes sur le train. Mais il était trop tard. 

Au moment où cela se disait sur les ondes, le train démarrait sèchement. La femme n'a pas eu le temps d'enjamber le bras liant les deux wagons. 

Elle a chuté, et les quatre wagons restants ont passé sur la femme. Alerté trop tard, l'opérateur du train l'a immobilisé plus loin. 

La pauvre a eu les deux jambes sectionnées.

Elle a été transportée à l'hôpital par des techniciens ambulanciers d'Urgence Santé. Elle était toujours consciente à ce moment, mais elle repose tout de même dans un état très critique. 

Une source bien informée en cette matière nous indique que des gens traversent quotidiennement entre les wagons immobilisés pour sauver du temps, malgré les avertissements des gardiens de sécurité qui se postent aux passages à niveau à chaque passage d'un train. 

«Les trains ont l'air arrêté, mais ils sont en manoeuvres d'aiguillage. Ils peuvent repartir à tout moment. Et quand ça part, ça donne un coup sec», dit-il.

Plus la semaine avance, plus les Terrasses Bonsecours sont bondées, et plus nombreux sont les téméraires qui s'aventurent entre les wagons. Les soirs de feux d'artifice, l'été, ils peuvent être des dizaines d'un seul coup à effectuer cette dangereuse manoeuvre. Chaque fois, on avise le CN, de leur présence, afin qu'on ne fasse pas démarrer le train. Cette nuit, c'était trop tard. 

«J'ai déjà vu des gens soulever une poussette avec un bébé dedans pour traverser entre des wagons», ajoute cette personne.

Selon lui, l'installation de barrières aux intersections n'en changerait rien. 

«Les gens iraient tout simplement passer ailleurs», croit-elle. 

Le SPVM a ouvert une enquête.