Les Hells Angels encore trahis par une taupe

Les 79 individus ciblés dans l'importante opération de cette semaine visant des réseaux de trafic de stupéfiants liés aux Hells Angels ont été, plusieurs d'entre eux du moins, trahis par un des leurs qui, en cours d'enquête, s'est mis à travailler pour la police, a appris La Presse.

La personne, dont on ne peut révéler l'identité ou toute information qui permettrait de l'identifier, a, durant l'enquête baptisée Objection, notamment porté sur elle un système d'enregistrement (bodypack en anglais dans le jargon) qui a vraisemblablement servi aux enquêteurs à accumuler de la preuve contre certains des suspects.

En plus de cet agent civil d'infiltration (ACI), les enquêteurs du projet Objection peuvent compter sur les services d'un ancien membre d'un club-école des Hells Angels devenu délateur à la suite de son arrestation, en novembre dernier, au Saguenay dans l'opération Nocif, un sous-projet d'Objection.

DE NOMBREUX PRÉCÉDENTS

Au cours de leurs dernières grandes enquêtes contre le crime organisé, en particulier les motards et leurs relations, les membres des escouades chapeautées par la Sûreté du Québec ont souvent pu compter sur des agents civils d'infiltration.

Ce fut le cas notamment dans l'opération Mastiff visant trois cellules de trafic de stupéfiants qui opéraient dans l'est de Montréal, qui a abouti en novembre 2015, et dans l'opération Loquace qui a ciblé un consortium de six individus qui auraient tenté de prendre, par la violence, le monopole de la distribution de cocaïne au Canada, et qui a connu son dénouement en novembre 2012.

Plusieurs se souviendront également de Dany Kane, membre des Rockers, devenu agent civil d'infiltration durant l'enquête Printemps 2001 par laquelle la police a démantelé ces mêmes Rockers et la section Nomads des Hells Angels, dirigée par Maurice Boucher. Dany Kane s'est suicidé avant la fin de Printemps 2001 alors qu'un autre agent civil d'infiltration, Claude DeSerres, a été tué par les Hells Angels durant l'enquête.

SEPT SUSPECTS EN CAVALE

Au moment d'écrire ces lignes, hier, sept individus, dont trois membres en règle des Hells Angels, étaient toujours recherchés par les enquêteurs d'Objection.

Les trois membres en cavale sont : Stéphane Maheu, 47 ans, Louis Matte, 52 ans, et Daniel André Giroux, 47 ans. Ce dernier, qui aurait été en République dominicaine au moment de la frappe policière mardi, a parlé avec les policiers, mais ne s'est toujours pas livré.

Les quatre autres personnes recherchées sont Kenny Maheu, 27 ans - fils de Stéphane Maheu -, Dominic Pagé, 41 ans - présumé employé de Stéphane Maheu -, Keven Sénécal, 29 ans, et Massimo Corbin, 37 ans.

Quant aux individus qui ont été arrêtés, qui sont toujours détenus et dont les procédures auront lieu à Montréal, ils ont été séparés en trois groupes pour leur enquête sur mise en liberté qui aura lieu à compter de la mi-mai. Un accusé considéré comme l'un des plus importants par la police, Carmelo Sacco, a demandé une enquête sur cautionnement alors que le doyen des Hells Angels, Michel Langlois, n'a pas encore pris de décision.

Le projet Objection vise les têtes dirigeantes présumées, dont des membres en règle des Hells Angels, de réseaux de trafic de stupéfiants opérant dans la couronne de Montréal, au Saguenay, dans l'Outaouais et au Nouveau-Brunswick.

Ce sont les enquêteurs de la nouvelle Escouade nationale de répression du crime organisé (ENRCO), chapeautée par la Sûreté du Québec, qui se sont concentrés sur les têtes dirigeantes et leurs collègues des Escouades régionales mixtes (ERM) qui ont enquêté sur les quatre réseaux de trafic de stupéfiants.

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Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l'adresse postale de La Presse