Ce qui devait être un voyage éclair aux États-Unis avec son nouvel amoureux fortuné s'est transformé en véritable cauchemar pour Jenny Lacoursière. La jeune retraitée des Forces armées canadiennes ne s'est jamais doutée que 94 kilogrammes de cocaïne avaient été dissimulés dans sa voiture avant qu'elle ne traverse la douane, a-t-elle assuré vendredi au procès pour importation de drogue du Montréalais Soninder Dhingra.

Selon la théorie de la poursuite, Jenny Lacoursière et Soninder Dhingra ont passé une nuit aux États-Unis, le 12 novembre 2013, puis ont traversé la frontière le lendemain avec la drogue en passant à la guérite de l'ex-douanière Stéfanie McClelland, condamnée à 11 ans de pénitencier pour une autre affaire d'importation de cocaïne. Finalement, des complices ont récupéré la drogue dans un stationnement de Montréal.

« Sonny [Soninder Dhingra] disait toujours : pose pas trop de questions. Il n'aimait pas qu'on se mêle trop de sa vie », a expliqué Jenny Lacoursière, témoin de la Couronne, pour expliquer qu'elle ait tout ignoré du complot allégué d'importation de cocaïne. Coaccusée dans cette affaire, la femme de 44 ans a déjà plaidé coupable dans le passé à une accusation réduite et a écopé d'une peine de deux ans avec sursis à purger chez elle. 

« SUR UN PIÉDESTAL »

Jenny Lacoursière rencontre l'accusé au début 2013 à sa résidence de L'Île-Bizard. L'employée des Forces armées canadiennes, alors en congé maladie pour une dépression majeure, lui offre ses services de massothérapeute. Très vite, elle « tombe sous son charme ». « Il m'impressionnait, je le mettais sur un piédestal », dit-elle. Mais, « contrôlant », Soninder Dhingra lui propose 1000 $ par semaine pour arrêter de travailler. Celle-ci refuse, mais continue de le fréquenter.

À l'été, ils partent en voiture aux États-Unis pendant 10 jours. Une autre femme les accompagne. Soninder Dhingra profite du voyage pour chercher de l'argent pour ses entreprises. Il dit posséder 150 condos en Inde et des « manufactures d'or ». « J'ai vu des sacs Adidas remplis d'argent. C'était des milliers de dollars », a témoigné Jenny Lacoursière.

En novembre, Soninder Dhingra lui propose de passer une nuit en amoureux aux États-Unis. Ils partent avec deux voitures, puisqu'il a des « affaires » à mener. Dès qu'ils traversent la frontière, ils achètent des téléphones chez Walmart, à sa suggestion. Le soir, Soninder Dhingra surprend sa conjointe en achetant du « poulet » pour un autre homme. Ce dernier passe plus tard au motel chercher la nourriture.

Le lendemain matin, Soninder Dhingra exige que l'on parte tôt pour passer la frontière. Ça tombe bien, sa « cousine » Stéfanie McClelland est en poste à la douane, dit-il à sa copine. Jenny Lacoursière est soulagée. « J'étais inquiète parce qu'on m'avait fouillée [la veille] », explique-t-elle.

Au Québec, Soninder Dhingra lui annonce un changement de plan. Elle devra garer sa voiture dans le stationnement du IKEA de Montréal. Des hommes viendront chercher des sacs qu'il y avait mis à son insu le matin.

« J'espère que c'est rien d'illégal ! », lui lance-t-elle, furieuse. Il la rassure. « Je me suis dit que c'était de l'argent. J'ai cru qu'il avait peur d'être dévalisé », témoigne-t-elle.

Ce n'est que deux jours plus tard qu'elle apprend que les sacs en question étaient en fait remplis de drogue, soutient-elle. Son amoureux lui annonce alors au téléphone qu'il vient d'être arrêté. « Mais tu es correct, toi ! », dit-il. Le procès se poursuit lundi.

photo déposée en cour

Soninder Dhingra, accusé