Les 70 perquisitions menées dans le cadre du projet «Honorer» en 2012 ont permis de mettre la main sur une quantité incroyable de documentation, de données informatiques, et d'argent comptant, en particulier chez Gilles Vaillancourt.

Des pièces à conviction, dont La Presse a obtenu quelques détails, qu'il a fallu éplucher méthodiquement. Ajoutées aux écoutes électroniques et aux interrogatoires de suspects, elles ont permis aux enquêteurs du Service des enquêtes sur la corruption (SQ), de reconstituer les stratagèmes de cette organisation criminelle.

Sur les 483 000 $ récupérés, environ 350 000 $ auraient été découverts chez un des accusés. Une autre somme de 100 000 $ était cachée dans des coffres de la caisse populaire Desjardins de Mille-Îles, à Laval, caisse dont Me Pierre L. Lambert, arrêté hier, est le président du C.A. Les policiers ont récupéré des billets répartis en plusieurs liasses, attachés par des élastiques et accompagnés d'un mémo contenant notamment des dates.

La pêche a aussi été très bonne dans l'ancienne demeure de Gilles Vaillancourt, rue Croissant-des-Îles et dans l'immeuble du 4500 des Cageux.

Les enquêteurs de l'UPAC ont saisi son ordinateur portable et vidé toutes les données contenues dans le disque dur de son ordinateur de bureau, incluant des courriels échangés avec l'un des autres accusés et de la documentation légale concernant une copropriété en Floride.

Ils ont emporté aussi beaucoup de documents, en particulier des photos prises en 2006 lors d'un cocktail-bénéfice du parti PRO, son agenda, contrat de location de coffre, des documents bancaires récapitulant notamment la valeur d'actions, et un mémorandum de planification fiscale. C'est aussi lors de la perquisition rue des Cageux le 5 octobre 2012 que la cousine de Gilles Vaillancourt, en proie à la panique, a tenté de faire disparaître près de 20 000 $ en billets de banque en polymère (50 $ et 100 $) dans les toilettes de son appartement-terrasse, tandis que les policiers frappaient à sa porte. Cette somme a aussi été saisie.

Les enquêteurs de l'UPAC ne se sont pas seulement intéressés au patrimoine et aux transactions financières de Gilles Vaillancourt, mais aussi au processus vicié d'octroi de contrats ayant favorisé des entreprises par «trucage» des appels d'offres.

Ils ont également scruté les états financiers du parti PRO des Lavallois, ses contributeurs, entreprises et particuliers, ses membres, etc. Ses activités aussi, dont les coûteuses sorties à la cabane à sucre remboursées illégalement par les contribuables lavallois à même le «budget de recherche et de secrétariat».

Le 20 novembre dernier, lorsque les enquêteurs de l'UPAC se sont présentés aux bureaux du parti PRO qui venait de se saborder, plusieurs cartons de documents étaient déjà empilés par les employés près de la porte!

Les policiers ont pu récupérer in extremis les états financiers depuis 1998, des listes de membres, des reçus, des factures de téléphones cellulaires, les noms des invités aux cocktails de financement, les noms de firmes ayant souscrit à des activités de financement, des certificats de dépôt à terme, des données contenues dans les ordinateurs et disques durs externes, etc.

Autre sujet d'intérêt, les dépenses et remboursements demandés à la suite des récents congrès du parti PRO à l'hôtel Sheraton de Laval. Plusieurs factures importantes présentées par l'établissement hôtelier ont aussi été saisies.

À cette époque, l'agent officiel et trésorier était Me Jean Bertrand, ami du maire, arrêté lui aussi.