Vingt-huit ans après la célèbre tuerie de Lennoxville, l'ancien Hells Angel Jacques Pelletier a obtenu sa libération conditionnelle totale lundi.

Par son témoignage «authentique», Pelletier, dit «La Pelle», a convaincu les commissaires aux libérations conditionnelles Denis Couillard et Suzanne Chartrand qu'il avait fait des progrès suffisants et représentait un risque modéré pour la société. Pelletier, qui bénéficiait déjà d'une semi-liberté de type 5-2 (cinq jours chez lui et deux jours en maison de transition) pourra donc vivre avec sa famille à temps plein, mais devra respecter des conditions jusqu'à la fin de ses jours.

Devant les commissaires, l'ancien motard de 58 ans est revenu sur la tuerie du 24 mars 1985. Ce jour-là, cinq membres des Hells Angels du chapitre North (Laval) ont été convoqués dans le bunker de Lennoxville et assassinés par leurs frères du chapitre de Montréal. Leurs corps ont été emballés dans des sacs de couchage et lestés avec des blocs de ciment et des poids, avant d'être jetés dans le fleuve Saint-Laurent devant Saint-Ignace-de-Loyola. Mais les corps sont remontés à la surface en juin, et Pelletier et trois autres complices ont été arrêtés et condamnés à 25 ans de prison.

La situation «a dégénéré»

Alors qu'il a toujours été dit que les membres de Laval ont été tués parce qu'ils étaient devenus incontrôlables et ternissaient l'image du club, Pelletier a fait part, sans aller plus loin, de problèmes entre les cinq victimes et des membres du même chapitre.

Selon lui, il ne devait pas y avoir cinq morts, mais la situation «a dégénéré».

«Ce n'était pas ça qui était censé se passer. Ils étaient supposés manger une bonne volée», a-t-il raconté. «La commande que j'ai reçue, c'est d'être là, d'avoir une arme sur moi et d'être prêt. Tout le monde avait une arme. On savait que ça allait brasser», a cependant ajouté l'ex-motard.

Dans sa jeunesse, Pelletier a battu des records en décathlon et a joué au hockey jusqu'au rang junior. Il a dit qu'il n'en pouvait plus de cette discipline et que c'est la moto, le sentiment de liberté et l'esprit de groupe des Hells Angels qui l'ont mené vers eux.

Il a été promu très vite, n'ayant été prospect que durant sept mois avant de devenir membre. Il a dit n'avoir pas fait d'argent avec les Hells Angels.

Électricien de formation, il a appris le métier de peintre et travaille pour une grosse entreprise. Il n'a pas encore complètement enlevé ses tatouages des Hells Angels. «Pour moi, c'est fini. La seule affaire qui me revient, c'est de faire du bicycle. Pour le reste, je suis passé à autre chose», a-t-il assuré.