Près de trois mois après avoir été atteint par balle à la tête par un constable au cours d'une rixe au palais de justice de Maniwaki, un jeune homme de 18 ans a été accusé hier de s'en être pris à ce même agent de la paix, a appris La Presse.

En début d'après-midi hier, Steven Bertrand-St-Amour, qui s'est vraisemblablement assez bien remis de sa grave blessure, a reçu la visite de deux enquêteurs des Crimes majeurs du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) au Centre de détention de Gatineau, où il se trouve.

Les deux enquêteurs l'ont avisé qu'il faisait face à une accusation d'entrave à un constable et à trois autres chefs liés au fait d'avoir désarmé un agent de la paix dans l'exercice de ses fonctions. Selon nos informations, le jeune homme n'a pas été très bavard avec les enquêteurs et il a dit ne plus avoir aucun souvenir de ce qui s'est passé le 31 janvier dernier.

C'est le Bureau des enquêtes indépendantes (BEI) qui enquête sur l'intervention qui a mené le constable à tirer sur Bertrand-St-Amour. Mais une autre enquête, qualifiée de « parallèle », a été ouverte sur les circonstances qui ont mené à cette même intervention, et elle relève d'un corps de police de soutien, en l'occurrence le SPVM.

TUER UN POLICIER

Durant leur enquête, les policiers du SPVM ont fait certaines découvertes et remonté le fil des événements, ce qui a visiblement poussé le Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) à accuser le jeune homme.

La Presse a mis la main sur un document judiciaire rédigé par un enquêteur des Crimes majeurs du SPVM qui révèle l'existence d'un rapport d'évaluation rédigé avant les événements dans lequel il est écrit que Steven Bertrand-St-Amour aurait eu comme « projet d'avenir de faire une banque et de tuer un policier ».

On y apprend également qu'un témoin a indiqué aux policiers que Bertrand-St-Amour aurait fait une rechute de consommation de drogue.

Ce témoin affirme aussi que le matin du drame, le jeune homme aurait congédié son avocat pour en prendre un autre. Au même moment, il aurait mentionné que jamais il ne retournerait en détention, que si c'était le cas, il aurait été prêt à tuer quelqu'un.

DEUX COUPS À LA TÊTE

Les images saisissantes de l'altercation du 31 janvier dernier ont été filmées par un ami de Bertrand-St-Amour et ont fait le tour des médias traditionnels et sociaux.

Selon le document judiciaire obtenu par La Presse, tout a commencé après que Bertrand-St-Amour a eu une conversation avec son avocat. Il serait alors devenu agité et a dû être maîtrisé par des agents de Garda.

Mais une altercation a suivi et a rapidement dégénéré.

« Le constable de la Cour a alors été appelé à intervenir. Étant incapable de le contrôler physiquement, le constable spécial a sorti en premier lieu son poivre de Cayenne suivi de son bâton télescopique pour tenter de maîtriser le jeune homme. Lors de la mise de menottes, le constable a perdu le contrôle de son bâton télescopique pendant la mêlée et le bâton a été saisi par Bertrand-St-Amour. Le constable spécial a reçu au moins deux coups de bâton à la tête, lui causant des coupures et des saignements. Blessé à la tête, étourdi et affaibli, le constable a sorti son arme et a pointé Bertrand-St-Amour en lui ordonnant de ne plus bouger. Mais celui-ci a foncé vers le constable spécial qui, menacé, a fait feu en direction de Bertrand-St-Amour qui a été atteint d'un projectile à la tête », raconte le policier montréalais dans le document. 

Soulignons toutefois que cette version des faits n'a pas encore été testée devant les tribunaux.

Le constable a subi des blessures à la tête nécessitant des points de suture, alors que Steven Bertrand-St-Amour a été soigné dans un hôpital et a été maintenu en observation jusqu'au 23 février, soit plus de trois semaines après les événements.

Une porte-parole du Bureau des enquêtes indépendantes a indiqué hier à La Presse que l'enquête du BEI était toujours en cours.

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Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l'adresse postale de La Presse.

photo tirée de facebook

Steven Bertrand-St-Amour fait face à une accusation d'entrave à un constable et à trois autres chefs liés au fait d'avoir désarmé un agent de la paix dans l'exercice de ses fonctions.