Un ex-directeur général de Montréal, Claude Léger, devra payer une amende de 11 000 $ pour avoir omis de dénoncer des tentatives d'ingérence politique dans les appels d'offres de la métropole en 2008.

Le Conseil de discipline de l'Ordre des ingénieurs a rendu ce matin sa décision dans le dossier disciplinaire de celui qui a été le plus haut fonctionnaire de Montréal de 2006 à 2009. Celui-ci a été reconnu coupable d'avoir « omis, à quelques reprises, de sauvegarder son indépendance professionnelle en négligeant de dénoncer des tentatives d'ingérence politique dans le processus d'appels d'offres de la Ville de Montréal ».

« La passivité de [Claude Léger], un ingénieur d'expérience, a contribué à l'octroi illégal de contrats et est condamnable », peut-on lire dans la décision.

Selon l'enquête du Conseil de discipline, Claude Léger a été approché en 2008 à deux reprises par le président du comité exécutif, Frank Zampino, « afin qu'il intervienne auprès du comité de sélection chargé d'évaluer les soumissions de firmes d'ingénieurs de manière à décider à l'avance quelle firme remporterait l'appel d'offres. » La décision ajoute qu'il a fait l'objet d'une approche similaire de la part de Claude Dauphin, après que celui-ci ait pris la tête du comité exécutif.

Si l'ex-directeur général assure ne pas avoir obtempéré aux pressions, on lui reproche de ne pas avoir dénoncé la situation au maire Gérald Tremblay ni à l'Ordre des ingénieurs. « Même s'il était délicat de dénoncer les agissements du président du comité exécutif, que ce soit M. Zampino ou M. Dauphin, sa loyauté envers son employeur, la Ville de Montréal, l'obligeait à agir et à rapporter les faits au maire », tranche la décision.

En omettant de dénoncer la situation, on estime ainsi qu'il contrevenait au Code de déontologie des ingénieurs. Le Conseil de discipline juge que cette conduite est « sérieuse et porte ombrage à l'ensemble de la profession ».

Malgré tout, le syndic voit une « nette différence » entre cette faute et celle des ingénieurs ayant pris part au stratagème de collusion. « Le manque de courage de l'intimé ne se compare pas aux procédés malhonnêtes et douteux de ceux qui ont directement contourné la loi et profité du stratagème », poursuit la décision. On a également pris en compte ses regrets de ne pas avoir réagi, le Conseil de discipline jugeant qu'il était « encore très affecté » par sa faute.

Ce sont pour ces raisons que Claude Léger a été condamné à une amende de 11 000 $ et que le syndic a renoncé à lui imposer une radiation. Claude Léger a 6 mois pour payer son amende.