Le juge Jean-Paul Braun s'est récemment dessaisi de la cause de Carlo Figaro, un chauffeur de taxi de 49 ans reconnu coupable d'agression sexuelle. Le magistrat de la Cour du Québec s'était retrouvé dans l'eau chaude le mois dernier pour ses propos formulés à l'endroit d'une victime de 17 ans jugés «inacceptables» par la ministre de la Justice, Stéphanie Vallée.

Le juge Braun s'est dessaisi du dossier, le 26 octobre dernier, sans expliquer les raisons de son retrait de la cause, a-t-on appris lundi matin. Les observations sur la peine auront lieu le 14 décembre prochain devant la juge Lori Renée Weitzman.

La victime a été «très ébranlée» par la médiatisation de l'affaire, a indiqué la procureure de la Couronne Amélie Rivard. «Ça l'affecte énormément», a-t-elle dit à la cour.

Les propos tenus par le juge Braun à l'endroit de cette victime mineure d'agression sexuelle ont suscité de nombreuses réactions sur la scène politique, le mois dernier. Avec un ton paternaliste, le juge soulevait qu'un baiser sans consentement n'était pas une agression. Il avait parlé du «surpoids» de la victime «fleur bleue». Le chauffeur de taxi avait embrassé, puis léché le visage de l'adolescente, assise à l'arrière du véhicule.

« C'est un homme qui s'intéresse à elle, c'est peut-être la première fois qu'un homme s'intéresse à elle, elle ne sait pas à quoi elle va faire face. Elle n'a pas 14 ans là, elle n'a pas 10 ans», lâche-t-il. «Elle a 17 ans!» avait rétorqué Me Rivard. «Elle est dans un taxi, un homme qui est dans un rapport de force inégal. [...] Le fait qu'elle est figée, ça ne donne pas ouverture à un consentement !»

Les propos du juge Braun ont été jugés inacceptables par le bâtonnier du Québec, Paul-Matthieu Grondin. «Nous avons une magistrature de la plus haute qualité. Mais ces propos sont tout simplement déplorables. Ils n'ont pas leur place, surtout pas dans le système de justice», avait-il écrit sur Twitter.