Le Barreau du Québec se prononce à son tour sur l'affaire Guy Ouellette et lance un « contre-message » à la population québécoise, lui demandant de ne pas rejeter les institutions judiciaires en place.

« La réalité, ici, c'est qu'on n'a pas tous les faits », a affirmé à La Presse le bâtonnier du Québec, MPaul-Matthieu Grondin. Le Barreau du Québec a tenu à réagir dans la foulée de l'arrestation controversée du député de Chomedey, Guy Ouellette. L'élu a été arrêté la semaine dernière par l'Unité permanente anticorruption (UPAC), puis relâché sans que des accusations soient déposées contre lui.

Beaucoup de questions restent sans réponse une semaine plus tard, malgré les explications fournies mardi par l'UPAC quelques heures après que Guy Ouellette se fut dit victime « d'un coup monté ». « Dans cette situation-ci, je pense que le temps est à notre bénéfice », poursuit M. Grondin, reconnaissant néanmoins que l'arrestation d'un parlementaire « n'a rien de banal ».

« La réalité, c'est qu'avant d'avoir des accusations, on n'a rarement tous les faits [parce que l'enquête est en cours] », rappelle le bâtonnier.

« Je comprends que ce soit une situation nouvelle, qui touche un élu du Parlement, mais à partir de ça, des accusations, des dénonciations, il y en a tous les jours. On sait comment traiter de ces questions-là. »

Réflexion «sans précipitation»

Le Barreau du Québec tient à rassurer la population que le « droit est bien fait » et que la situation, bien qu'elle soit « préoccupante », « mérite une réflexion en profondeur » et « sans précipitation ». Il ne faut pas non plus que l'État « cède à la pression en formulant à toute vitesse des solutions » avant d'avoir en main toutes les réponses, croit également le Barreau.

Interrogé sur « l'option » consistant à créer un comité de surveillance de l'UPAC, à laquelle le premier ministre Philippe Couillard s'est dit favorable hier, Me Paul-Matthieu Grondin estime que « ça peut être une piste, mais encore faut-il qu'on puisse comprendre le problème ». « Il faut être certain des problèmes avant de proposer des solutions », a-t-il ajouté.

Le Barreau du Québec offre d'ailleurs au gouvernement « son expertise et ses services pour améliorer les mécanismes de surveillance et d'imputabilité » d'organismes comme l'UPAC ainsi que ceux dotés de pouvoirs d'enquête, de vérification et de prévention.