Une femme d'affaires juive qui a tenté d'imposer le respect du Sabbat à un employé de la même religion devra lui verser des milliers de dollars en dommages, a décidé le Tribunal des droits de la personne.

Propriétaire d'un spa dans Notre-Dame-de-Grâce, Iris Gressy refusait que le coiffeur Richard Zilberg travaille le samedi, même si ce dernier le souhaitait. 

La religion juive prescrit le repos le jour du Sabbat. Mais il ne doit être imposé à quiconque, a tranché le tribunal, en accordant 12 500 $ au coiffeur.

«Interdire à M. Zilberg de travailler le jour du Sabbat parce qu'il est juif viole son droit à l'égalité en emploi», a écrit le juge Yvan Nolet dans une décision qui vient d'être publiée. Le comportement de Mme Gressy viole aussi «ses libertés de conscience et de religion, ainsi que son droit à la dignité et à la vie privée.»

Selon la preuve entendue par le magistrat, M. Zilberg travaillait le samedi jusqu'à la mi-juillet 2012 - il s'agissait même de sa journée la plus payante. C'est à ce moment que Mme Gressy «l'a informé qu'il ne travaillerait plus le samedi, en vertu de sa nouvelle politique consistant à ne pas permettre aux employés juifs de travailler le jour du Sabbat», rapporte le jugement. Le salon Spa Liv Zen demeurerait ouvert le samedi, mais des employés qui n'étaient pas juifs prendraient la relève.

La patronne lui interdit aussi formellement d'expliquer à ses clients pourquoi il ne travaillera plus les samedi.

Une autre employée de confession juive résiste et perd son emploi, mais le coiffeur a «des moyens financiers limités» et décide d'obéir.

Mais un mois plus tard, en août 2012, il révèle la raison de son changement d'horaire à une cliente et sa patronne l'apprend. «Mme Gressy renvoie M. Zilberg sur-le-champ», rapporte le juge Nolet.

«Il ressort clairement de la preuve que la religion de M. Zilberg a été, pour dire le moins, un facteur dans la décision de Mme Gressy de restreindre son droit de travailler et mettre fin à son emploi», a écrit le juge Nolet. «Mr Zilberg est en droit d'obtenir une compensation appropriée.»

La Commission des droits de la personne, qui représentait le coiffeur, demandait 20 000 $ en dommages matériels, moraux et punitifs.

Le tribunal lui a finalement accordé 6000 $ pour compenser six mois de salaire, 4000 $ pour la «colère et la frustration» ressentis, ainsi que 2500 $ en dommages punitifs.

Iris Gressy ne s'est pas présentée à l'audience du Tribunal des droits de la personne. Son salon semble définitivement fermé.