Suspendu avec traitement depuis la mi-avril pour une présumée affaire de menaces de mort envers un collègue des Affaires internes, un enquêteur du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) ne sera finalement pas accusé, a appris La Presse de sources sûres.

L'enquêteur en question est Iad Hanna, contre qui son ex-collègue des Enquêtes spéciales, Normand Borduas, avait porté plainte. Les deux hommes avaient formé un duo dans l'enquête Escouade qui a mené à l'arrestation de policiers du SPVM pour parjure en juillet 2016. C'est dans cette enquête que des mandats visant le chroniqueur de La Presse Patrick Lagacé avaient été demandés et obtenus. L'existence de ces mandats visant Lagacé et d'autres journalistes a mené à la création de la commission Chamberland sur la protection des sources journalistiques qui a fini ses travaux il y a deux semaines.

« NE DOUTE PAS DE MOI »

C'est justement à l'approche des travaux de la Commission - durant laquelle ils ont d'ailleurs témoigné ultérieurement - que des tensions auraient commencé à apparaître entre les enquêteurs Hanna et Borduas.

À la mi-avril, les deux hommes se sont rencontrés près du quartier général du SPVM, rue Saint-Urbain. Selon nos informations, à la fin de l'entretien, Iad Hanna aurait dit à Normand Borduas de ne pas douter de lui et lui aurait lancé une phrase que l'autre a considérée comme une menace de mort.

Normand Borduas aurait même enregistré la conversation et a ensuite porté plainte à ses supérieurs. Mais puisque toutes les enquêtes internes et spéciales du SPVM ont été transférées à la Sûreté du Québec, ce sont les enquêteurs de la SQ qui se sont occupés de ce dossier. Après analyse par ceux-ci, le Directeur des poursuites criminelles et pénales a décidé de ne pas porter d'accusation contre l'enquêteur Hanna.

Cela signifie vraisemblablement que Iad Hanna pourrait bientôt retourner à son ancienne affectation à la section Crime de violence de la division Nord du SPVM.

AMBIANCE TENDUE

La semaine dernière, les deux anciens frères d'armes devenus antagonistes ont de nouveau dû livrer un témoignage, cette fois-ci à l'enquête préliminaire des policiers Fayçal Djelidi et David Chartrand, accusés de parjure et d'entrave à la suite de l'enquête Escouade. Des précautions ont été prises pour que les deux hommes ne se croisent pas, en raison de la plainte alors toujours active de M. Borduas. Un interdit de publication nous empêcher de révéler le contenu des témoignages des deux hommes.

La fameuse conversation entre les deux enquêteurs qui a mené à la plainte de Normand Borduas portait sur le dossier de Roger Larivière, un policier retraité du SPVM qui a aussi fait l'objet d'une enquête des Enquêtes spéciales du SPVM après avoir été vu en train de discuter dans un restaurant avec l'analyste d'affaires policières Stéphane Berthomet.

Ce dossier est toujours dans les cartons de l'équipe mixte de la Sûreté du Québec chargée d'enquêter sur les allégations de fabrication de preuve et autres irrégularités qui entachent les affaires internes du SPVM.

Pour joindre Daniel Renaud, composez 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l'adresse postale de La Presse.