La juge en chef de la Cour suprême du Canada croit que les médias modernes pourraient être mis à contribution pour mettre fin aux stéréotypes sur les Autochtones créés par les vieux westerns du cinéma et de la télévision.

Dans un congrès sur l'administration de la justice à Saskatoon, vendredi, la juge Beverley McLachlin a affirmé que le meilleur moment pour changer un préjugé est durant la jeunesse.

Elle souhaite que les programmes scolaires incluent ce genre d'objectif, qui pourrait être accompagné de toutes sortes de moyens technologiques et électroniques modernes, comme la vidéo et les jeux.

Alors que des émissions et des films comme The Lone Ranger ont facilement réussi à véhiculer des stéréotypes parfois négatifs sur les Autochtones, elle note que l'utilisation des médias pourrait aussi servir à montrer la réalité.

Le juge qui a présidé la Commission de vérité et réconciliation, Murray Sinclair, croit que les médias peuvent avoir un grand impact sur les communautés autochtones et sur la perception que la population en a.

«Probablement que le monde des médias, le monde de l'image, est le vecteur d'éducation populaire le plus important, car la façon dont nous projetons des images dans la tête des gens, que ce soit par écrit ou par la vidéo ou par des photos, a un impact dramatique sur la perception de la réalité de ces gens», a-t-il déclaré.

M. Sinclair, qui est le second juge autochtone du Canada, soutient que les écoles publiques ont un important rôle à jouer pour changer la relation entre les Premières Nations et les non-Autochtones du pays. Mais il faut aller plus loin.

«Dans le public en général, il faut aussi se concentrer sur les gens qui seront sortis des écoles publiques (...) et sur comment changer leur base de connaissances et leur image des peuples autochtones.»

«Et cela se fait par les médias, les vidéos, les mots, les histoires, ainsi que par des choses comme des romans graphiques», a fait valoir M. Sinclair.

Le congrès de l'Institut canadien d'administration de la justice se penchait sur le rôle que joue la justice dans la vie des membres des Premières Nations.

Selon Mme McLachlin, beaucoup d'Autochtones craignent le système judiciaire du Canada ou ne lui font pas confiance. C'est un peu la même situation pour les immigrants, a-t-elle ajouté, et les impacts pourraient être encore plus grands.

«Les groupes minoritaires peuvent craindre le système de justice, l'éviter, même refuser d'y faire appel et, ultimement, peut-être malheureusement, refuser d'accepter sa légitimité.»

«Les nouveaux Canadiens, qui viennent de pays où la justice rime avec oppression et où les tribunaux sont corrompus, pourraient trouver difficile de faire confiance au système judiciaire canadien et aux tribunaux canadiens», a-t-elle affirmé.