Le public a le droit d'en savoir le plus possible au sujet d'Omar Khadr avant qu'il ne soit libéré de prison, surtout que le gouvernement conservateur l'a catalogué à maintes reprises comme un terroriste non repenti, a-t-il été plaidé en Cour fédérale.

En demandant à la Cour de forcer les autorités carcérales à permettre aux médias d'interviewer l'ex-prisonnier de Guantanamo Bay, leur avocat a soutenu que le gouvernement Harper lui-même avait mis la question sur la place publique.

«Le public canadien a le droit de savoir et de comprendre», a dit l'avocat des médias John Phillips au juge Richard Mosley de la Cour fédérale.

«Personne ne sait qui il est. Cet homme va sortir de prison. Nous avons le droit de savoir qui il est avant que cela ne se produise».

Khadr, né à Toronto, et qui n'est pas partie à cette demande des médias, demande à être libéré sous caution le mois prochain, en attendant l'appel de sa condamnation de 2010 par une commission militaire américaine. Il demande aussi sa libération conditionnelle en juin. Sa peine va se terminer en 2018.

Le gouvernement répète qu'il va se battre contre toute tentative de «réduire» son châtiment pour les «actes odieux» qu'il a commis en Afghanistan lorsqu'il avait 15 ans.

Me Phillips a dit que le gouvernement Harper avait été «ouvertement et vigoureusement» critique envers Khadr.

«Ils ont bloqué toute occasion pour M. Khadr de leur répondre», a-t-il fait valoir.

En 2013, Vic Toews, qui était alors ministre fédéral de la Sécurité publique, a cassé l'approbation du directeur de prison pour une entrevue avec La Presse Canadienne dans ce que des personnes bien au fait de l'affaire ont décrit comme étant une interférence politique incroyable.

Les autorités carcérales ont refusé par la suite toutes les autres demandes des médias pour interviewer Khadr, qui a maintenant 28 ans, et qui purge une peine de huit ans pour crimes de guerre à la prison Bowen à Innisfail en Alberta.

Dans son refus, le directeur a fait valoir que les entrevues avec Khadr allaient accroître sa notoriété et mettre sa sécurité en péril. Il a ajouté que permettre aux journalistes d'aller le voir en prison entraverait la routine de l'institution.

Radio-Canada/CBC, le Toronto Star et White Pine Pictures demandent à la Cour fédérale de renverser cette décision. Ils plaident que la décision du directeur de prison viole la liberté de la presse et le droit du public à l'information ainsi que le droit de Khadr de s'exprimer.

Le gouvernement maintient que l'interdiction mérite déférence et que les tribunaux ne devraient pas la remettre en question.

«Le fait que nous soyons en train de parler d'une prison amène toutes sortes de préoccupations uniques», a déclaré l'avocat du gouvernement, Sean Gaudet.

Me Phillips a dit que les raisons données pour refuser les entrevues étaient «tout à fait» insuffisantes.

Les deux parties au litige ont été prises de court quand le juge Mosley a lui-même soulevé une cause de 2012 de la Grande-Bretagne dans laquelle la BBC avait contesté avec succès la décision du gouvernement de bloquer une entrevue en prison avec un homme soupçonné de terrorisme.

Dans cette cause, la Cour avait tranché que le public devait être «autant informé que possible et en mesure de se forger sa propre opinion».

Le juge Mosley a mis sa décision en délibéré.