Aucune accusation ne sera portée contre l'automobiliste impliqué dans la collision mortelle avec le cycliste Clément Ouimet sur le mont Royal le 4 octobre dernier, a annoncé mercredi matin le Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP).

L'automobiliste américain en visite à Montréal conduisait un Toyota Highlander en direction nord sur la voie Camillien-Houde le jour de la collision. À la sortie d'une courbe, à l'endroit où un muret de béton cesse de séparer la chaussée et où commence une ligne jaune double continue, le conducteur a entrepris un virage pour faire demi-tour. Clément Ouimet, grand amateur de vélo âgé de 18 ans, descendait le chemin sur son vélo au même moment, selon le rapport d'enquête. Le cycliste a percuté le Toyota Highlander « de plein fouet » alors que celui-ci était en position perpendiculaire à la route, résume le DPCP.


« Dans le présent dossier, l'analyse du rapport d'enquête ainsi que le droit applicable ne permettent pas de conclure que cette manoeuvre constituait un écart marqué par rapport à une personne raisonnable dans les mêmes circonstances », explique l'organisme dans un long communiqué.



Le conducteur a déclaré aux policiers qu'il avait regardé dans ses miroirs avant d'entreprendre la manoeuvre et qu'il n'avait vu ni vélo ni voiture arriver. Sa déclaration a été appuyée par un passager qui était à ses côtés et un expert du Service de police de la Ville de Montréal a confirmé cette hypothèse par des observations sur le terrain. La vitesse du cycliste n'a pu être déterminée par les policiers, mais il semble qu'il n'était pas visible lorsque l'automobiliste a commencé son demi-tour.


Le DPCP souligne que l'infraction de conduite dangereuse implique une conduite dangereuse pour le public en tenant notamment compte des circonstances et de la nature des lieux. Le test applicable établi par la Cour suprême prévoit que la preuve doit démontrer que la façon de conduire était au départ « objectivement dangereuse pour le public », indépendamment des conséquences observées par la suite. La preuve doit aussi établir que la conduite constitue « un écart marqué par rapport à la norme de diligence que respecterait un conducteur raisonnable ».

D'où la conclusion à laquelle en est venu le DPCP.



La mort du cycliste avait provoqué un grand débat et une manifestation de solidarité. La Ville avait rapidement modifié la configuration des lieux, en octobre. Après l'élection de Valérie Plante à la mairie, la nouvelle administration municipale a dit souhaiter interdire la circulation automobile sur cette voie. Un projet-pilote et une consultation publique à ce sujet s'amorceront bientôt.

« Je respecte la décision de la Couronne, mais il n'en demeure pas moins qu'un cycliste est décédé et ailleurs sur la montagne, une piétonne aussi a été happée en voulant se rendre sur le mont Royal. C'est pour cela qu'on a un projet-pilote [sur Camillien-Houde] », a réagi la mairesse Plante.

Le projet-pilote ne fera pas qu'interdire la circulation de transit, mais on étudie des façons d'empêcher les manoeuvres dangereuses. « On regarde tout pour assurer la sécurisation. Ça ne passe pas juste par le transit », a-t-elle ajouté.

Au-delà de la voie Camillien-Houde, Valérie Plante entend améliorer la visibilité et la traverse piétonnière sur l'avenue du Parc, où une piétonne a été happée mortellement par un automobiliste n'ayant pas respecté le feu d'arrêt.