Après une relative accalmie depuis le début du mois de février, les incendies criminels ont repris de plus belle à Montréal : on en dénombre huit en cinq jours, soit une moyenne de presque deux par jour, a appris La Presse.

Pas moins de trois d'entre eux ont été commis dans la nuit de jeudi à vendredi : deux à peu près au même moment, vers 2 h - dans une pizzéria de la rue Sherbrooke Ouest, à Westmount, et dans une voiture garée à l'angle des rues Acres et Hazelnut, à Dollard-des-Ormeaux -, et un troisième allumé vers 1 h 20 dans un autre véhicule stationné rue Bellerive, dans l'arrondissement de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve, à l'autre extrémité de l'île.

Les cinq autres incendies criminels répertoriés depuis le début de la semaine ont été allumés dans une voiture, sur la 13e Avenue, dans le quartier Saint-Michel, jeudi ; dans un commerce d'alimentation du secteur Bordeaux-Cartierville, mercredi ; dans un véhicule garé rue Centrale, dans l'arrondissement de LaSalle, le même jour ; au Complexe funéraire Loreto, dans l'arrondissement de Saint-Léonard, mardi ; et enfin dans une crèmerie de la rue Saint-Laurent, à la limite des secteurs de la Petite-Italie et de Rosemont.

« Depuis janvier, les incendies criminels avaient ralenti. Mais ils sont revenus en force cette semaine. Les enquêteurs n'arrêtent pas et passent des nuits sur les lieux. Ce matin, plusieurs d'entre eux ne sont pas au bureau et sont allés se coucher », a affirmé hier le commandant des Crimes contre la propriété du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), Juan Vargas.

Les enquêtes sur ces huit incendies criminels débutent à peine, mais à première vue rien n'indique que certains d'entre eux soient liés.

Dans certains cas, l'utilisation de prête-noms en tant qu'administrateurs des commerces visés pourrait compliquer la tâche des enquêteurs, à qui il faudra plus de temps pour déterminer un mobile possible.

« Nous croyons toutefois déjà qu'au moins l'un d'entre eux a été motivé par une affaire de concurrence », a dit M. Vargas.

Mafia : le torchon brûle

Le SPVM confirme par ailleurs ce qui est un secret de Polichinelle : l'incendie au Complexe funéraire Loreto, entreprise légitime des familles Rizzuto-Renda, est lié aux tensions qui perdurent au sein de la mafia montréalaise. Il est toutefois trop tôt pour savoir qui en est le commanditaire et pourquoi il a commandé le crime.

Le dernier incendie criminel lié à la mafia survenu précédemment avait eu lieu le 7 février à la boulangerie Motta, appartenant à la famille du défunt Calabrais Moreno Gallo, assassiné au Mexique en 2013, vraisemblablement dans la foulée de la vengeance exercée par le parrain Vito Rizzuto lors de son retour à Montréal.

Depuis le début de l'année, quatre incendies criminels et une tentative sont liés à la mafia, selon le SPVM. Jusqu'à maintenant, la police a dénombré 149 incendies criminels sur son territoire, tous genres confondus, y compris des incendies suspects dont on pourrait toutefois conclure qu'ils sont accidentels à la fin de l'enquête.

Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l'adresse postale de La Presse.

Incendies criminels liés à la mafia en 2017 : 

• 2 janvier : Véhicule dans l'entrée de la résidence de Marco Pizzi

• 15 janvier : Plusieurs véhicules dans un garage de Marco Pizzi

• 21 janvier : Tentative d'incendie à la boulangerie Motta, rue Mozart

• 7 février : Boulangerie Motta

• 25 avril : Complexe funéraire Loreto