Julien Villeneuve, l'homme sous le costume du panda anarchiste des manifestations étudiantes, a déposé hier une requête à la cour de Montréal contre le règlement «antimasque» adopté par Montréal il y a trois semaines.

«On veut que la Cour se penche pour déterminer si le règlement est constitutionnel ou pas. Notre intention, c'est de démontrer qu'il ne l'est aucunement», explique le professeur de philosophie au collège de Maisonneuve, plus connu dans le monde réel et virtuel pour son personnage d'Anarchopanda.

Depuis le début du mois de mai, Julien Villeneuve manifeste sous un costume de panda, carré rouge épinglé au cou. Baptisé Anarchopanda pour la gratuité scolaire, son personnage fait depuis sensation dans les manifestations, diurnes et nocturnes, où il tente de câliner les policiers.

Si sa démarche séduit les badauds et les manifestants en plus d'attiser la curiosité des journalistes, elle peut aussi lui valoir des contraventions. Depuis le 18 mai, la Ville de Montréal a adopté le règlement P-6, dont deux articles sévissent contre les manifestations spontanées et le port du masque. Le même jour, la loi spéciale (78) a été adoptée à Québec.

Ainsi, Anarchopanda dit avoir été averti à trois reprises par des policiers lors de manifestations: il est passible d'amendes à cause de son déguisement, en vertu du règlement municipal. À Montréal, les manifestations nocturnes sont déclarées illégales par le Service de police de la Ville de Montréal, en vertu du règlement municipal, plutôt que de la loi d'exception.

«Je n'ai pas encore eu d'amendes, tant mieux, mais c'est quelque chose que les policiers peuvent décider d'appliquer», croit ce professeur qui a fréquenté l'UQAM et McGill.

La requête en sursis devrait être examinée demain par un juge de la Cour supérieure de Montréal, en attendant que la Cour se penche sur le fond de l'affaire.

«Ce sont seulement les articles relatifs à l'itinéraire et au port du masque qui, dans leur application, briment la liberté d'expression et de réunion pacifique et les droits du citoyen», croit Olivier Roy, avocat-conseil de M. Villeneuve dans cette requête.

«Si la loi pouvait ne plus être appliquée, ce serait merveilleux. Mais sinon, si on regarde au bout de la ligne [si la requête en invalidité est accordée, NDLR], les amendes ne seront plus valides et les gens pourront réclamer des dommages par rapport à ce qu'ils ont vécu», estime l'homme sous le costume de panda.

Depuis ses premières sorties en panda anarchiste et pacifiste, Julien Villeneuve a jalousement préservé son anonymat. Si sa démarche auprès de la justice le pousse à révéler son identité civile, il refuse toujours d'être photographié ou filmé sans son costume.

«Mon rôle n'a pas changé, c'est d'être au côté des étudiants, quand les policiers leur rentrent dedans. Je ne joue aucun rôle auprès des manifestants, qui ont d'ailleurs vécu des choses terribles. Mon intervention est envers les policiers», dit-il.