Le dentiste accusé d'avoir agressé sexuellement une patiente dit avoir été «piégé». Il se décrit comme la victime dans cette affaire.

«En réalité, c'est elle qui m'a agressé», a indiqué le Dr Mihran Dadourian à la policière qui l'a longuement interrogé en juillet 2009.

La poursuite a commencé à faire entendre cet interrogatoire d'une durée de six heures, hier, dans le cadre d'un voir-dire au procès du dentiste de 65 ans, au palais de justice de Montréal. Le juge Salvatore Mascia devra ensuite déterminer son admissibilité en preuve.

Le dentiste est soupçonné d'avoir forcé une patiente à lui faire une fellation alors qu'elle avait la bouche gelée.

Au début de l'interrogatoire, le Dr Dadourian s'inquiète beaucoup pour sa réputation. Il insiste sur le fait que la relation avec sa patiente était une «relation d'affaires, de consentement» et que sa femme ne doit pas être mise au courant.

Le dentiste fond en larmes à plusieurs reprises durant l'interrogatoire lorsqu'il est question des conséquences qu'aura l'accusation criminelle sur sa vie personnelle et professionnelle. «Je n'ai jamais agressé une patiente. En plus, une pauvre réfugiée», insiste-t-il en faisant référence à la plaignante, qui est d'origine africaine.

Cette femme est allée le consulter le 1er octobre 2008 pour une importante rage de dents. À 39 ans, c'était la première fois de sa vie qu'elle consultait un dentiste. La femme, dont nous devons taire l'identité, a témoigné plus tôt au procès. Selon elle, ce n'était pas du tout une relation sexuelle consentante.

De son côté, le Dr Dadourian raconte que, après qu'il eut anesthésié la bouche de la plaignante, elle s'est mise à lui parler de circoncision en faisant allusion à son pays d'origine. Puis, elle a carrément sorti son membre de son pantalon pour l'examiner, selon la version du dentiste. Il s'est senti «agressé».

L'enquêteuse de la police de Montréal lui fait alors remarquer qu'il n'a pas résisté. «Elle a touché le bon bouton, admet-il. D'accord, ce n'est pas une agression. Mais moi, je ne l'ai pas agressée.»

Le dentiste dit qu'il a donné 40$ à sa cliente en échange de la fellation.

«Elle a pris l'argent. Ce n'est pas une agression. C'est de la prostitution», dit-il à l'enquêteuse Hélène Fiset.

La patiente a porté plainte à la police une dizaine de jours après les faits, puis à l'Ordre des dentistes. En mars 2011, le Dr Dadourian a plaidé coupable à une infraction d'inconduite sexuelle devant son ordre professionnel. Il a été radié pour trois mois et a écopé d'une amende de 1000$.

Le procès se poursuit aujourd'hui avec l'audition de la suite de l'interrogatoire. L'accusé, qui est accompagné de sa femme, est défendu par Me Pierre Poupart. C'est Me Anne Aubé qui représente la Couronne.