En témoignant au procès de Benjamin Hudon-Barbeau, en 2010, Kim Lamoureux a contribué à le faire condamner en lien avec un double meurtre. En revenant sur ses paroles un an plus tard, elle l'a fait acquitter en Cour d'appel. Aujourd'hui, c'est elle qui se retrouve accusée en raison de ce volte-face.

La femme de 29 ans doit comparaitre le 30 mars prochain au palais de justice de Montréal, pour répondre d'accusations d'entrave à la justice, ainsi que d'avoir rendu des témoignages contraires à ceux qu'elle avait livrés antérieurement, soit à l'enquête préliminaire, et au procès.

Les victimes, Jean-Patrick Fleury, 28 ans, et Vladimir Nicolas, 31 ans, avaient été abattues par balle en fuyant le Upper Club, bar de la rue Saint-Laurent, après une altercation, la nuit du 24 octobre 2006. Il y avait forcément deux tireurs, puisque deux armes ont été utilisées. Huit mois plus tard, seul Benjamin Hudon-Barbeau, proche des motards, avait été arrêté et accusé. Il a subi son procès à l'automne 2010, sous des accusations de meurtres non prémédités. Exceptionnellement, et parce que les deux parties y consentaient, le procès s'est tenu devant un juge seul. Au terme de l'exercice, le juge Jean-Guy Boilard a déclaré l'homme de 34 ans  coupable de deux tentatives de meurtre, et l'a condamné à 12 ans de pénitencier. Le magistrat avait basé sa décision sur le témoignage de Kim Lamoureux, qu'il jugeait crédible. La jeune femme, qui vendait de la drogue dans ce bar fréquenté par les gangs de rue, les motards et la mafia, assurait avoir vu Hudon-Barbeau faire feu en direction de deux Noirs qui fuyaient, la nuit des événements.

«Il n'y a pas de justice, s'était écrié, Hudon-Barbeau lors de sa condamnation. Je n'ai jamais tiré. Dieu seul sait que je suis innocent. Je m'en vais faire du temps qui n'est pas le mien», avait-il lancé. Défendu par Me Pierre Poupart, le jeune homme a continué de clamer son innocence, et a porté sa cause en appel.

Parallèlement, Mme Lamoureux a subi une cure de désintoxication, et est revenue sur ses paroles pour «apaiser sa conscience», disait-elle. Dans des déclarations faites l'automne dernier, elle a admis avoir menti car elle se sentait pressée par les policiers et craignait que ceux-ci l'accusent de trafic de drogues.

Devant cette nouvelle preuve, et parce que la Couronne n'avait plus de preuve à offrir, la Cour d'appel a acquitté M. Hudon-Barbeau.