Paul Laplante aurait tué sa femme à l'aide de la barre métallique du cric de sa voiture. Son avocat, Me Marc Labelle, croit que, malgré des éléments de preuve «fatigants», l'homme avait une défense valable à présenter devant un jury.

Mais cela n'arrivera jamais puisque Laplante, accusé d'avoir tué avec préméditation sa femme, Diane Grégoire, le 31 janvier 2008, s'est suicidé lundi matin à la prison de Rivière-des-Prairies. Il a laissé trois lettres.

«Aucune ne m'était adressée, pas plus qu'à ses enfants. Elles étaient destinées à des personnes que je ne connais pas et que les enquêteurs vont rencontrer», a dit l'avocat.

Il dit avoir passé un total de cinq heures avec Laplante pour préparer l'enquête sur sa mise en liberté provisoire, à laquelle il tenait beaucoup. La difficulté, c'était de trouver des proches prêts à verser une caution. «Il y en a au moins un qui était prêt à s'engager, mais en privé, pas publiquement», dit Me Labelle.

Le ministère public lui a remis 16 boîtes de documents de preuve contre Paul Laplante. «Et ce n'est que la portion de l'enquête menée par la police de Longueuil. Je n'ai rien de ce qui a trait à la découverte du corps et à l'enquête de la Sûreté du Québec.»

Il croit que la découverte du corps de Diane Grégoire, le 21 novembre dernier, a apporté assez peu d'éléments de preuve supplémentaires contre Laplante. Les enquêteurs de la police de Longueuil avaient recueilli l'essentiel. «La preuve n'était pas plus forte avec le corps. Il s'agissait d'une preuve exclusivement circonstancielle. S'il y a une preuve supplémentaire, comme de l'ADN, je ne l'ai jamais su», indique l'avocat.

Les policiers longueuillois croient que Diane Grégoire a été tuée à l'aide d'un objet contondant. «De fait, on n'a jamais trouvé la barre du cric dans la fourgonnette Astro blanche de M. Laplante. Et elle y était apparemment avant», explique-t-il.

Il dit que le secret professionnel auquel il est tenu l'empêche de révéler une grande partie de la preuve. «Je considère que, quand un client est mort, le secret se termine. Mais la juge du dossier Arturo Gatti a rendu une décision contraire et je veux faire attention», explique-t-il.

Il assure qu'il n'a jamais obtenu la version des faits de Paul Laplante, peu utile au stade de l'enquête sur sa mise en liberté.

Me Labelle a l'habitude des causes «perdues d'avance». Il a notamment représenté les tueurs en série William Fyfe et Angelo Colalillo. Ce dernier s'est aussi suicidé avant son procès. Mais la cause de Paul Laplante s'annonçait plus simple.

«C'est évidemment une affaire qui nécessitait une explication. M. Laplante n'aurait pas pu refuser de témoigner. Il devait par exemple expliquer pourquoi il a appelé le 911 le 31 janvier 2008 à 16h11 pour porter sa femme disparue, alors qu'il a dit plus tard aux policiers qu'il lui avait donné rendez-vous aux Promenades Saint-Bruno à 16h. Pourquoi ne pas avoir plutôt fait appel à la sécurité du centre commercial?»

Il conclut en disant que même si M. Laplante a commis le crime, il ne se dirigeait pas nécessairement vers une condamnation pour meurtre prémédité et 25 ans de prison.

«Quelle aurait été l'histoire? Une dispute qui tourne mal, il la pousse et elle meurt? On aurait là un homicide involontaire», analyse-t-il.