Le pédophile Michael Allan Duncan est convaincu que ses plus récentes victimes, quatre fillettes âgées de sept, neuf et dix ans, lui ont fait des avances.

«Je trouve cela assez troublant que vous ayez pensé que des enfants de cet âge-là aient pu vous faire des avances», lui a dit la juge Isabelle Rheault au moment de rendre son verdict sur la peine, ce jeudi, au palais de justice de Montréal.

L'homme de 52 ans a ainsi été condamné à purger sept ans de prison, en plus d'avoir été déclaré «délinquant à contrôler». Cette mesure exceptionnelle prévue dans le Code criminel fait en sorte que le pédophile fera l'objet d'une surveillance stricte pour une période de dix ans après sa sortie de prison.

Duncan a agressé sexuellement à plusieurs reprises quatre petites filles, alors qu'il travaillait comme concierge dans un immeuble à logements du quartier Côte-des-Neiges. Il vivait alors sous une fausse identité puisqu'il était déjà recherché pour des crimes similaires commis à Toronto. Il aurait fait une dizaine de victimes en trente ans.

À Montréal, Duncan se faisait appeler Jack Armstrong. En tant que concierge, il avait les clés d'un logement vide. C'est là qu'il a agressé les fillettes, les forçant notamment à lui faire des fellations.

Les agressions ont eu lieu entre septembre 2004 et juin 2005. Soupçonnant que les petites filles allaient finir par le dénoncer, l'homme s'est évaporé dans la nature. Lorsque les fillettes ont porté plainte, les enquêteurs de la police de Montréal se sont mis à la recherche de «Jack Armstrong», sans succès.

En fouillant son appartement laissé vacant, la police a trouvé des mégots de cigarettes. Cette découverte lui a permis de prélever l'ADN de l'agresseur.

La police de Montréal a alors lancé un mandat d'arrêt contre le pédophile à l'identité inconnue qui se faisait passer pour «Jack Armstrong».

C'est finalement la police de Barrie en Ontario qui lui a mis la main au collet en octobre 2007 grâce à la présence d'esprit d'une mère de famille.

Après s'être enfui de Montréal, Duncan était devenu le colocataire de cette mère qui élevait seule ses deux jeunes enfants. Un jour, elle a découvert du matériel pornographique juvénile dans son ordinateur. Cette femme a immédiatement appelé la police, craignant pour la sécurité de ses enfants.

En prélevant les empreintes digitales de Duncan, la police de Barrie a permis à ses confrères de Toronto et de Montréal de découvrir la véritable identité du prédateur sexuel.

En 2009, Duncan a ainsi été condamné à trois ans de prison pour des crimes sexuels commis auprès de jeunes victimes à Toronto. Il a alors dû fournir un échantillon d'ADN. Cela a permis à la police de Montréal de confirmer hors de tout doute qu'il s'agissait bien du même pédophile qui avait laissé de vieux mégots de cigarettes dans son logement du quartier Côte-des-Neiges avant de disparaître.

En avril dernier, il a finalement plaidé coupable à quatre chefs d'agression sexuelle sur les quatre petites Montréalaises. La procureure de la Couronne, Me Rachelle Pitre, avait alors présenté une requête pour qu'il soit déclaré délinquant à contrôler. La poursuite réclamait une peine sévère de huit à dix ans de prison.

Dans son rapport, la psychologue chargée d'évaluer l'accusé a souligné que Duncan blâmait jusqu'à un certain point les victimes pour ce qui est arrivé. Il se disait toutefois prêt à recevoir de l'aide. Ce rapport n'a pas été contesté par la défense, qui elle, réclamait sept ans moins le temps passé en détention préventive (13 mois).

L'accusé, originaire de Kingston en Ontario, a une longue feuille de route criminelle. Sa première condamnation pour avoir agressé sexuellement un enfant remonte à 1986.