Philippe Truchon, qui a reconnu avoir leurré en cinq mois 286 adolescentes sur internet qu'il convainquait de se dénuder devant leur caméra pour lui, passera les deux prochaines années en prison.

Sombre ironie, c'est l'évaluation pour faire déclarer délinquant dangereux l'homme de 31 ans de Sorel qui a le plus joué en sa faveur. La juge Isabelle Rheault a estimé que ce rapport était «moins négatif» que les deux précédents réalisés. Son risque de récidive a alors été évalué de modéré.

Le qualifiant de «manipulateur qui ment facilement autant à lui-même qu'aux autres», disant qu'il tire «un plaisir évident à faire dénuder les jeunes filles», la juge a dit vouloir dénoncer son comportement à la société. Tenant compte des six mois passés en détention préventive, la juge l'a condamné à passer les deux prochaines années derrière les barreaux.

L'avocat de la défense a jugé la peine «très raisonnable compte tenu de la gravité objective de ce type d'accusation» de leurre informatique. «Il n'a pas poussé plus loin que de parler avec les petites filles, il n'a jamais tenté de fixer de rendez-vous ou d'en rencontrer», a indiqué André Boissonneault.

Ce dernier a expliqué que son client était au chômage au moment des faits et occupait son temps à naviguer sur Internet. «Ça n'excuse pas ses gestes, mais ça prouve qu'il n'avait pas l'intention d'agresser vraiment les victimes», a précisé son avocat.

La Couronne, qui réclamait la peine maximale de cinq ans, évaluera la possibilité de porter appel. «Dans la jurisprudence, autant ici qu'aux États-Unis, c'est le plus grand nombre de victimes. C'est assez impressionnant 286 victimes. Je n'ai pas vu autant de victimes dans le passé. C'est un record aussi dans un aussi court laps de temps. Monsieur était vraiment compulsif dans ses leurres, c'était une après l'autre sans arrêt», a indiqué Me Roxane Laporte à la sortie de l'audience.

Philippe Truchon abordait ses victimes par le réseau social Facebook et MSN. Dans un langage cru, il invitait ses victimes à se dénuder et les menaçait. Une seule des 286 victimes a été retrouvée par les policiers qui continuent leur enquête pour tenter d'en identifier d'autres.

Il avait été arrêté à son domicile en 2008 après que le tuteur d'une jeune fille l'ait dénoncé. Libéré en attendant son procès, l'homme a de nouveau croisé le chemin de la justice après s'être lancé dans le proxénétisme, à Montréal. Il a encore une fois plaidé coupable et été condamné dans cette autre affaire à 18 mois de prison.