Au petit matin vendredi, Nicolas Bacon a tout de suite su que quelque chose ne tournait pas rond devant le centre communautaire de Betsiamites. Des gyrophares éclairaient la nuit. Il y avait des cris, des pleurs. Quand il s'est approché, il a vu une jeune fille de 17 ans étendue sur le sol.

«Les secours essayaient de la réanimer en attendant l'ambulance, se rappelle-t-il. Les gens étaient soûls, certains se battaient. La police faisait de son mieux.»

L'adolescente, victime d'une violente agression, a finalement succombé à ses blessures. Selon un témoin qui préfère garder l'anonymat, elle a été battue à coups de bouteilles de bière par au moins deux filles. La Sûreté du Québec a arrêté trois femmes et des enquêteurs les interrogeaient tard vendredi soir.

Les motifs du meurtre sont flous. Il s'agit, selon ce témoin, d'une histoire de jalousie, ce qui a été corroboré par d'autres habitants de la réserve innue.

Dans la nuit de jeudi à vendredi, le centre communautaire de Betsiamites accueillait une soirée avec DJ. Une soixantaine de jeunes y assistaient et l'alcool coulait à flot. L'altercation s'est produite vers 5h du matin devant les lieux.

Fait troublant, l'ambulance aurait mis plus de 40 minutes pour arriver dans la réserve située à 46 km à l'ouest de Baie-Comeau. «Ça faisait quelques minutes que ça s'était produit quand je suis arrivé sur les lieux, se rappelle Nicolas Bacon. Pourtant, l'ambulance est arrivée au moins une demi-heure après.»

«Je ne comprends pas! Les ambulances viennent de Baie-Comeau, mais c'est à 20 minutes de route si tu vas ben vite», dit-il.

Le meurtre de l'adolescente a causé l'émoi dans la communauté de 2300 habitants. Selon Nicolas Bacon, les bagarres sont monnaie courante dans la réserve, mais les gens interviennent habituellement pour y mettre fin. «J'ai vraiment pété ma coche avec ce que j'ai vu. Ce n'est pas supposé arriver, des affaires de même. En me réveillant, j'espérais que ça ait juste été un cauchemar.»

- Avec la collaboration de Valérie Simard