Après avoir analysé les premiers indices récoltés dans le stationnement de la Place Laval où la disparition de Natasha Cournoyer venait d'être signalée, la policière Céline Cécyre s'attendait au pire.



«Avec les marques sur le véhicule (de la victime) et les témoignages recueillis, je croyais trouver le corps de Natasha Cournoyer dans la valise», a témoigné l'agente de la police de Laval, jeudi, au second jour du procès de Claude Larouche au palais de justice de Montréal.

L'homme de 49 ans est accusé du meurtre prémédité de Natasha Cournoyer. La victime de 37 ans aurait été enlevée à la sortie de son travail, ligotée, violée puis étranglée en octobre 2009. Elle était fonctionnaire au Service correctionnel du Canada, dont les bureaux sont situés à la Place Laval, dans la ville du même nom.

Vers 17h20, le 2 octobre, l'agente Cécyre s'est rendue à la Place Laval pour répondre à un appel d'urgence concernant la disparition d'une femme. C'est le conjoint de Mme Cournoyer, Michel Trottier, qui venait de téléphoner à la centrale 911.

Le conjoint, une amie ainsi que des collègues de travail de Natasha Cournoyer attendaient alors la police dans le stationnement de la Place Laval aux côtés de la voiture de la victime. Michel Trottier paraissait inquiet; son menton tremblait et ses yeux étaient mouillés, a décrit la policière. Karine Laflamme, meilleure amie de la victime, était accroupie; en pleurs. Natasha Cournoyer n'avait pas l'habitude de disparaître ainsi sans donner de nouvelles, a expliqué Mme Laflamme à la policière.

La Mazda 3 de Natasha Cournoyer, garée à l'écart dans le stationnement, portait des marques «anormales», selon l'agente Cécyre. Il y avait des traces de «frottements» sur la portière arrière du côté du conducteur, comme si quelqu'un avait «glissé» dessus, enlevant ainsi une couche de poussière sur le véhicule sale.

L'agente Cécyre a décidé de faire venir un remorqueur pour faire ouvrir le coffre de la voiture. À l'intérieur, l'agente n'a pas découvert de corps. Seulement des patins à roulettes.

D'autres policiers sont arrivés en renforts. Ce soir-là, un maître-chien a ratissé le sous-bois adjacent au stationnement, sans succès. Une battue a également été organisée pour trouver des indices. Cela n'a rien donné, non plus.

D'abord traitée comme une disparition, cette affaire est rapidement devenue un cas d'enlèvement, a témoigné, jeudi, le sergent-détective aux crimes majeurs de la police de Laval, Yves Robitaille.

Quelques jours plus tard, le 5 octobre, l'enquêteur Robitaille a fait le tour des motels environnants à la recherche d'indices. Il a saisi la liste des clients qui ont séjourné au motel Lido, situé boulevard des Laurentides, le 1er octobre 2009, jour de la disparition de Mme Cournoyer. Cette liste a d'ailleurs été déposée en preuve, jeudi, sans plus d'explications au jury. La procureure de la Couronne, Me Éliane Perreault, a précisé aux jurés qu'elle reviendrait là-dessus plus tard au cours du procès.

Dans les jours suivant l'enlèvement, des cartes déchirées en morceaux appartenant à la victime ont été trouvées en bordure de l'autoroute 19 en direction nord. Ses cartes bancaires, sa carte d'assurance-maladie et sa carte du Service correctionnel canadien ont été coupées en deux, puis éparpillées à plusieurs endroits le long de cette autoroute. Les enquêteurs de Laval ont tenté de prélever des empreintes digitales sur ces cartes. Or, les résultats se sont avérés négatifs.

Le corps de la fonctionnaire a été retrouvé dans un terrain vague à Pointe-aux-Trembles le 6 octobre 2009. La Division des crimes majeurs de la police de Montréal a alors pris le relais de l'enquête.

Le procès de Claude Larouche, qui se déroule devant jury, se poursuit aujourd'hui. Les jurés visionneront des extraits vidéo tirés de la caméra de surveillance extérieure de la Place Laval, a déjà annoncé la poursuite. Ces images ont été captées le soir de la disparition de Mme Cournoyer. Rappelons que, selon la théorie de la poursuite, l'accusé a enlevé puis tué la victime «à cause d'une frustration sexuelle» et pour obtenir «une gratification sexuelle».