Le cofondateur de Cinar, Ronald Weinberg, a comparu vendredi après-midi à Montréal, où il a été accusé de fraude, de faux et usage de faux, ainsi que d'avoir produit de faux prospectus.

L'homme d'affaires de 59 ans, qui arborait un teint bronzé, a été libéré sous diverses conditions, dont un dépôt de 140 000$ et l'engagement de résider soit dans un domicile de la rue Broadview, à Pointe-Claire, soit dans un autre dans l'État de New York.

«Nous avons bon espoir que la suite du processus va établir son innocence», a brièvement commenté son avocate, Me Christiane Filteau, en sortant de la salle d'audience. Le ministère public entend bien sûr démontrer le contraire. Le procureur de la Couronne Matthew Ferguson a indiqué que M. Weinberg était l'acteur le plus important dans cette affaire.

Arrestation

Né aux États-Unis, M. Weinberg se trouvait hors du Canada lorsqu'un mandat d'arrêt a été lancé contre lui et trois de ses anciens collaborateurs, au début du mois. L'homme d'affaires, qui était en vacances, s'est livré à la justice jeudi soir. Il est arrivé à l'aéroport Montréal-Trudeau vers 21h45 en provenance de Punta Cana, en République dominicaine. Ce n'est toutefois pas là qu'il a pris ses vacances. Quoi qu'il en soit, il a été arrêté et est sorti de l'aéroport deux heures et demie plus tard, menottes aux poignets, en compagnie de policiers.

Accusations

Le ministère public reproche à M. Weinberg et à trois de ses anciens collaborateurs d'avoir détourné 120 millions de dollars vers les Bahamas à l'insu du conseil d'administration de Cinar. Les faits se seraient produits entre 1997 et 2005. Rappelons que M. Weinberg avait fondé Cinar avec sa conjointe, Micheline Charest, en 1984. L'entreprise, qui a connu une ascension fulgurante dans le domaine des émissions pour enfants, a même été inscrite en Bourse en 1995. Les ennuis ont commencé en 1996, lorsque le créateur Claude Robinson a intenté une poursuite de 2 millions de dollars contre Cinar pour plagiat. En 1999, on a appris que Cinar avait utilisé des prête-noms pour profiter de subventions et de crédits d'impôt. L'année suivante, on a découvert que le couple Weinberg-Charest avait rénové sa maison de Westmount et sa maison de campagne avec des fonds de Cinar. Le virement de 122 millions de dollars américains aux Bahamas a aussi été mis au jour. Le couple Weinberg-Charest était attaqué sur tous les fronts. Des poursuites civiles ont été intentées, mais il a fallu attendre jusqu'en mars 2011 pour voir des poursuites criminelles. Le dossier n'est pas simple, il faut bien le dire.

Feu Micheline Charest

À titre de fondateur de Cinar, M. Weinberg se trouve seul au banc des accusés aujourd'hui: Micheline Charest est morte, en avril 2004, de complications survenues lors d'une intervention de chirurgie esthétique. Trois anciens collaborateurs sont néanmoins accusés d'avoir participé à cette fraude avec M. Weinberg: le comptable Lino Pasquale Matteo, l'ex-chef de la direction financière de Cinar Hasanain Panju, et le PDG de Norshield, John Xanthoudakis. Norshield est la firme qui aurait été impliquée dans l'administration des fonds détournés aux Bahamas.

Soulignons enfin que M. Matteo et M. Panju ont été arrêtés la semaine dernière. Ils ont été libérés sous conditions après leur comparution. M. Xanthoudakis est le dernier à devoir comparaître.