Jean-Philippe Pariseau et Karine Ouellette sont partis aux Philippines le 27 décembre pour un voyage d'un mois en Asie. Les Montréalais voulaient découvrir la région et s'adonner à l'une de leurs passions, la plongée sous-marine.

Le 2 janvier, ils étaient à El Nido, dans la province de Palawan. Après une superbe expérience de plongée, les trentenaires voulaient se rendre à Coron, ville située dans une île voisine. Ils ont acheté un billet à bord d'un bangka, bateau traditionnel philippin. Le voyage devait durer huit heures.

«Le bateau paraissait sécuritaire par rapport à d'autres embarcations que nous avions déjà prises en Asie», a dit Jean-Philippe Pariseau, joint hier aux Philippines.

Son intuition était trompeuse. Ce jour-là, de forts vents soufflaient sur la mer de Chine méridionale. Plus le bateau s'éloignait de la côte, plus les vagues le faisaient valser sur la mer.

«L'eau entrait davantage qu'elle sortait»

Vers midi, un Philippin s'est approché de Jean-Philippe Pariseau pour le supplier de venir en aide à l'équipage. La pompe pour évacuer l'eau venait de briser et l'eau s'accumulait à l'avant du bateau.

«Deux membres de l'équipage essayaient de vider l'eau avec des chaudières, a raconté M. Pariseau, qui est cameraman-réalisateur. J'ai essayé de les aider, mais après 10 minutes, je voyais bien que l'eau entrait davantage qu'elle sortait.»

Vers 12h15, le moteur a arrêté de fonctionner. Le bateau coulait. «Je me suis retourné et j'ai vu les gens sauter à l'eau», a-t-il raconté.

Jean-Philippe Pariseau a lui aussi sauté à l'eau pour retrouver sa conjointe, qui était à l'arrière du bateau. Les deux Montréalais se sont agrippés à un radeau de sauvetage. À l'instar des 38 autres passagers, ils portaient une veste de flottaison.

Après quelques minutes, le couple a préféré retourner sur le bangka, qui était à demi submergé. Les gens autour du radeau songeaient à s'éloigner du bateau, de peur qu'il ne coule et les entraîne avec lui. «Je me suis dit qu'il fallait mieux rester en groupe, a dit Jean-Philippe Pariseau. Et sur le toit du bateau, j'ai vu un père de famille et je me suis dit que c'était un exemple à suivre.»

Ce père de famille, c'était le Québécois Francis Morin. Le quadragénaire, qui habite aujourd'hui en Chine, s'était réfugié sur le toit du bateau avec sa femme Marina Gijzen, leurs filles de 10 et 13 ans et une dizaine d'autres passagers.

Peu après, les deux radeaux sont partis à la dérive en direction de l'île Cabuli, que l'on pouvait voir au loin. Un couple de Danois s'est partagé une paire de palmes pour tenter d'atteindre l'île à la nage. «Nous étions vraiment inquiets pour eux», a confié M. Morin, joint à son domicile de Nanjing, en Chine.

L'armée et des pêcheurs à la rescousse

Vers 15h, après deux heures d'attente, un couple de Français propriétaire d'un restaurant à El Nido est arrivé à bord de son bateau à moteur. Un passager avait réussi à appeler une hôtelière de la région quelques heures auparavant pour lui demander d'envoyer des secours.

Quinze minutes plus tard, un bateau de l'armée philippine est arrivé en renfort pour conduire les passagers du toit sur la terre ferme, à El Nido.

«Le lendemain, nous avons su que les 19 passagers partis en radeau ou à la nage avaient tous atteint l'île Cabuli grâce à l'aide de pêcheurs», a dit Francis Morin, qui enseigne dans une école en Chine.

Jean-Philippe Pariseau et Karine Ouellette ont perdu tous leurs effets personnels dans la mer. Francis Morin et Marina Gijzen ont aussi perdu plusieurs bagages. «Je voyais nos sacs s'éloigner, mais ça ne m'importait pas, a dit Marina Gijzen. Ce genre d'expérience nous fait réaliser ce qui compte vraiment.»