Avec son bénévolat et son dévouement de tous les instants, l'entraîneur de hockey Marcel Robert était un héros à sa manière dans le Sud-Ouest montréalais. Jeudi, l'homme de 65 ans n'avait plus rien du héros. Il a été condamné à quatre ans de prison pour avoir agressé sexuellement trois garçons d'âge mineur, sur une période de 36 ans.



«Le roi est mort», a lancé une femme qui accompagnait une des victimes de M. Robert au palais de justice, jeudi. Lorsqu'il a été dénoncé par ce jeune homme qu'il a agressé sexuellement pendant 16 ans, M. Robert n'a pas nié. Avec le temps, deux autres victimes se sont manifestées. Dans chacun de ces deux cas, les agressions s'étaient produites pendant quatre ans, à des périodes différentes cependant. Il s'agissait d'attouchements, de fellations, de masturbation et de tentatives de sodomie.

M. Robert a plaidé coupable pour ces trois victimes, mais si l'on se fie à l'aveu qu'il a fait dans le cadre d'une évaluation psychologique réalisée depuis sa mise en accusation, il a eu des activités sexuelles avec une dizaine de jeunes, alors que lui-même était âgé entre 30 et 50 ans. M. Robert a confié que parler de sexualité avec les jeunes garçons déclenchait des désirs chez lui.

Ses victimes n'étaient jamais des inconnus. Il les recrutait dans la ligue de hockey qu'il dirigeait, à Saint-Henri. En imposant la peine, jeudi, le juge Claude Parent a expliqué comment M. Robert s'y prenait pour amadouer les jeunes. «Il ne leur faisait pas de cadeaux, mais il les amenait en voyage, les laissait conduire sa voiture, leur prêtait sa maison pour qu'ils puissent avoir des relations sexuelles avec leurs petites amies.» Selon un rapport d'expertise, M. Robert est un «pédophile homosexuel exclusif», il ne s'intéresse donc pas aux petites filles. Il reconnaît les faits, mais a tendance à minimiser les conséquences pour les victimes. Il a néanmoins entrepris une thérapie pour agresseurs sexuels, et a demandé pardon à ses victimes.

Le juge a parlé des séquelles chez les victimes, comme la solitude, la drogue, des relations difficiles avec les femmes, la difficulté de garder un emploi...

Le procureur de la Couronne David Simon recommandait six ans, tandis que l'avocate de la défense, Valérie Riendeau, demandait une peine moindre. M. Robert, qui est retraité, n'avait pas d'antécédent judiciaire. Le juge a finalement imposé quatre ans.