Le coroner de la Colombie-Britannique a ouvert une enquête après qu'une jeune fille souffrant de troubles mentaux eut passé neuf jours seule avec le cadavre de sa mère malgré les nombreux avertissements émis par la famille et les voisins.

Les voisins ont finalement pénétré dans la maison mobile le 15 septembre et y ont retrouvé la jeune fille, émaciée et sale.

«Nous avons fait ce que nous avons pu», a déclaré, vendredi, Lawrence Jewett, le gérant du parc de roulottes où habitaient la jeune fille souffrant de trisomie 21 et sa mère.

«Je suis heureux que nous l'ayons trouvée à ce moment-là, parce que la situation aurait pu être encore pire.»

M. Jewett et un autre homme sont entrés dans la maison mobile après n'avoir obtenu aucune réponse aux coups donnés sur la porte.

Le corps en décomposition de la femme se trouvait à l'intérieur. L'adolescente de 15 ans était assise sur un sofa et affirmait que sa mère s'était assoupie.

«Elle était vraiment en mauvaise santé. Elle était couverte d'ampoules et avait des éruptions cutanées sur tout le bas du corps jusqu'aux chevilles», a indiqué Edith Jewett, la femme du gérant.

Mme Jewett a affirmé que l'adolescente, qui ne peut être identifiée car elle est maintenant sous la garde des autorités provinciales, baignait dans l'urine et avait perdu beaucoup de poids.

«Au début, je ne l'ai même pas reconnue. Elle avait tellement maigri», a-t-elle confié.

La femme lui a ensuite donné un bain, l'a nourrie et lui a fait boire beaucoup de fluide. C'est une fois dans la maison des Jewett qu'elle aurait réalisé que sa mère «était partie au paradis».

«C'est si triste qu'elle soit restée assise là tout ce temps», a affirmé Edith Jewett au cours d'une entrevue téléphonique.

Les frères de l'adolescente, d'âge adulte, de même que plusieurs voisins du parc de maisons mobiles de Cultus Lake, ont indiqué qu'ils avaient averti à de nombreuses reprises les autorités que la mère, aux prises avec des problèmes de drogue et d'alcool, négligeait et agressait verbalement sa fille.

La ministre provinciale de l'Enfance et de la Famille, Mary Polak, a publié un communiqué dans lequel elle défend les décisions de ses fonctionnaires.

«La loi empêche le ministère ou la ministre de commenter les détails de ce cas, mais nous prenons ce dossier très au sérieux», a indiqué Mme Polak.

«Cette situation est tragique, mais nous devons demander à la population de ne pas sauter trop rapidement à des conclusions qui ne s'appuieraient pas sur l'ensemble des informations.»

La ministre a indiqué qu'environ 30 000 plaintes concernant la sécurité d'enfants étaient déposées au ministère chaque année et qu'elles étaient toutes étudiées.

Selon Lawrence Jewett, qui aurait pointé du doigt la situation familiale au ministère de l'Enfance et de la Famille, un travailleur social se serait rendu dans la maison mobile en juillet dernier. Celui-ci n'aurait rapporté aucun problème particulier.