Moussa Sidimé, soupçonné d'avoir battu à mort sa fille de 13 ans, Nouténé, morte samedi dernier, peut toujours compter sur l'appui de sa famille.

Tirés à quatre épingles, une douzaine de membres de la famille se tenaient debout derrière leur porte-parole, un neveu de l'accusé, désigné pour lire aux médias une déclaration écrite, en fin de journée mardi, devant l'immeuble de Longueuil où est survenu le drame la semaine dernière.

Sur un ton solennel, Mamoudou Kaba a décrit l'accusé, âgé de 71 ans, comme la «pierre angulaire» de la famille: «Oncle Moussa a sacrifié une retraite confortable pour permettre à ses enfants de se préparer un meilleur avenir au Canada. Il a toujours contribué de façon positive à la société.»

Moussa Sidimé aurait déjà enseigné à l'Université Laval en plus de travailler comme architecte à des projets d'infrastructures en Afrique du Nord et à la Banque africaine de développement, selon sa famille. L'Université Laval n'a pas été en mesure de confirmer cette information, mardi soir.

Du même souffle, la famille s'est dite anéantie par la perte de la jeune Nouténé, surnommée Téné. «Téné était une jeune fille belle, intelligente, qui ressemblait beaucoup à son père», a souligné M. Kaba. L'adolescente voulait devenir avocate.

La famille a refusé de répondre aux questions des médias sur les circonstances du drame. Mercredi dernier, Moussa Sidimé aurait alerté les secours pour dire que sa fille gisait inconsciente sur le plancher de son appartement, le nez en sang. Selon la police de Longueuil, il aurait indiqué avoir giflé sa fille.

L'adolescente a immédiatement été transportée à l'Hôpital de Montréal pour enfants, où elle est morte quatre jours plus tard. La Couronne a accusé Moussa Sidimé de voies de fait graves la semaine dernière. La représentante de la poursuite, Me Julie Laborde, attend les résultats de l'autopsie avant de décider si elle portera d'autres accusations contre l'homme de 71 ans. Il pourrait être inculpé d'homicide involontaire ou de meurtre non prémédité.

Moussa Sidimé a brièvement comparu, mardi, au palais de justice de Longueuil. Deux de ses fils, qui habitent aux États-Unis, s'étaient déplacés pour assister à l'audience. La mère de la victime y était aussi. Les membres de sa famille l'ont salué de grands signes de la main lors de son entrée dans le box des accusés. Son avocate, Me Marie-Josée Duhaime, a demandé le report de l'audience à vendredi pour pouvoir étudier la preuve. D'ici là, l'accusé demeure détenu.

Hommages et recueillement

Par ailleurs, quelques centaines de camarades de classe et d'amis de Nouténé se sont réunis sur le terrain de soccer de l'école secondaire Jacques-Rousseau, mardi, pour rendre hommage à la jeune disparue, visiblement très aimée et appréciée. Plusieurs élèves, vêtus de noir, portaient des gerbes de fleurs et des ballons blancs qu'ils ont lâchés dans le ciel. Des grappes de jeunes s'enlaçaient un peu partout, les yeux rougis.

Tous pleuraient la mort brutale d'une adolescente souriante, sociable, qui aimait tout le monde. «C'est super gentil d'être là, je suis sûr que Nouténé est là aujourd'hui avec nous», a lancé Charles, un élève, muni d'un porte-voix. «Nouténé aimait tout le monde, alors c'est l'occasion de faire la paix entre nous», a enchaîné l'adolescent, en invitant les élèves à se tenir par la main et à former un gigantesque cercle autour du terrain gazonné.

Quelques élèves quittaient parfois le cercle pour aller déposer des fleurs au centre. Le frère de la victime, Yakouba, aussi inscrit à l'école, était sur place, réconforté par ses amis. «On t'aime, Nouténé», scandaient les jeunes pour désamorcer un peu la tension et la tristesse ambiantes. D'autres élèves chantaient dans un coin.

Pour permettre aux jeunes de ventiler, la directrice de l'école de 2200 élèves a assuré que des psychologues avaient été dépêchés sur place. «Le drame a provoqué tout un émoi, surtout chez les 450 élèves de deuxième secondaire comme Nouténé», a souligné Fabienne Longtin. Elle a rendu hommage à la jeune fille, inscrite dans une concentration en arts et très engagée dans le milieu scolaire.