Le nombre des détenus fédéraux âgés de plus de 50 ans a grimpé de près de la moitié en moins d'une décennie, alors que les prisons sont le théâtre d'une révolution démographique dont les conséquences pourraient être onéreuses pour le système correctionnel du pays.

Selon des chiffres du Service correctionnel du Canada (SCC), 2379 des 13 286 prisonniers du pays étaient âgés de plus de 50 ans en 2009, soit une hausse de 45 pour cent par rapport aux 1646 détenus de plus de 50 ans parmi les 12 663 personnes qui se trouvaient derrière les barreaux sept ans auparavant.

Ce nombre continuera de grimper si le gouvernement conservateur parvient à faire passer des lois plus sévères en matière de criminalité visant à augmenter les peines d'emprisonnement, a affirmé l'ombudsman des prisons fédérales, Howard Sapers.

«Nous verrons plus de gens passer plus de temps en prison», a-t-il déclaré à La Presse Canadienne.

Pareille tendance devrait entraîner un accroissement des coûts.

Le gouvernement fédéral estime que les détenus veillissent plus rapidement que les autres Canadiens en raison de leur style de vie et des problèmes de santé qu'ils connaissent en prison. Conséquence de cela, le service correctionnel présente les détenus de 50 ans et plus comme étant des «délinquants âgés».

Certains établissements du SCC ont réagi au veillissement de la population carcérale en rénovant des cellules, en aménageant les lieux pour faciliter l'utilisation de fauteuils roulants et en installant des mains courantes, a indiqué M. Sapers.

«A partir de 50 ans, nous commençons à observer de sérieuses répercussions sur la santé de la population de détenus», a dit M. Sapers, dont le service est chaque année appelé à faire enquête sur des milliers de plaintes de prisonniers.

Non seulement les prisonniers risquent d'être aux prises avec des problèmes comme la démence et la perte de mobilité à un âge précoce, ils vivent également dans des établissements où les taux de VIH sont 10 fois plus élevés que ceux de la population générale, selon l'enquêteur correctionnel du Canada. Un tiers des détenus ont contracté l'hépatite C, a-t-il dit.

M. Sapers a aussi indiqué que le gouvernement fédéral était lent à séparer les détenus plus âgés, davantage vulnérables, des prisonniers plus jeunes et plus bagarreurs.