Le Canadien Omar Khadr a affiché une attitude défiante lundi en cour martiale à la base américaine de Guantanamo Bay, à Cuba, lors d'une audition de l'enquête préliminaire devant précéder son procès pour crimes de guerre.

Le jeune homme de 23 ans a qualifié d'«impostures» les procédures judiciaires de la cour martiale américaine, indiquant son intention de boycotter son procès.

D'une voix calme et posée, Omar Khadr a clairement exprimé ses sentiments face à la machine judiciaire l'ayant gardé détenu à Guantanamo Bay pendant la majeure partie de huit années, souriant même à l'occasion alors qu'il s'adressait au juge, le colonel Patrick Parrish, et à son avocat canadien Dennis Edney.

Omar Khadr a affirmé qu'il ne croyait pas en la tenue d'un procès juste et équitable à son endroit. Il a ensuite ajouté qu'il s'attendait à écoper d'un emprisonnement d'au moins 30 ans.

Il a aussi indiqué au tribunal que les procureurs militaires lui ont déjà proposé de plaider coupable, d'être condamné à une peine de 30 ans d'emprisonnement mais de n'en purger que cinq, une offre qu'il a rejetée, a-t-il dit.

«Je ne vais pas volontairement laisser le gouvernement américain m'utiliser à ses fins», a lancé le jeune homme de 23 ans, expliquant pourquoi il avait rejeté la proposition d'entente faite récemment par les procureurs. «J'ai été manipulé trop souvent alors que j'étais enfant.»

Plaider coupable à son procès le mois prochain donnerait «une excuse au gouvernement pour (l)'avoir torturé et agressé, quand (il) étai(t) enfant», a-t-il argué.

Omar Khadr est soupçonné d'avoir lancé une grenade qui a causé la mort d'un soldat américain lors d'affrontements militaires en Afghanistan, en 2002. Le jeune Canadien avait alors 15 ans.

Des organisations de défense des droits humains et d'autres groupes ont fait valoir qu'Omar Khadr était un enfant-soldat et aurait dû être réhabilité par les Américains, et non emprisonné. Omar Khadr est le seul Occidental encore détenu à Guantanamo Bay et le plus jeune parmi les 181 prisonniers.

Lundi avant-midi, Omar Khadr avait signifié son intention de se représenter lui-même après avoir licencié ses avocats américains la semaine dernière. Mais à son retour après une pause, il a affirmé vouloir boycotter son procès.

«Si j'étais devant un véritable tribunal, je n'agirais pas de la sorte, a affirmé Omar Khadr, vêtu de la tunique blanche et des pantalons blancs que les détenus peuvent porter s'ils collaborent bien aux yeux des responsables à Guantanamo. Mais puisque je suis devant cette cour, je suis forcé d'agir ainsi. Comment puis-je réclamer justice dans le cadre d'un processus qui en fait fi?»

Me Parrish, de son côté, a dit ne pas pouvoir permettre à Omar Khadr de remercier son avocat militaire désigné par la cour, le lieutenant-colonel Jon Jackson, s'il décide de boycotter les procédures. Le jeune homme a exprimé son désaccord.

«Vous me l'imposez, a-t-il lancé. Je ne veux pas qu'il soit mon avocat. Il n'y aura pas de discussions entre Jon Jackson et moi-même.»

En fin de journée, Me Parrish a déterminé que le procès tenterait son coup d'envoi le 10 août une fois que M. Jackson aura consulté son ordre professionnel en Arkansas pour considérer s'il est juste de représenter quelqu'un qui ne souhaite pas être représenté.