En entrant dans la salle d'audience, mercredi matin, pour les plaidoiries sur la peine à imposer au meurtrier de son fils, Liliane Kabinoshi Muwamba espérait encore que le tueur se ravise et révèle l'endroit où il a caché le cadavre de David. Mais Marchath Marseille a décliné l'offre d'immunité de la Couronne et est resté muet comme une carpe.

«Il ne pense pas au mal qu'il nous fait. Il a décidé que notre peine ne partirait jamais», a dit Mme Muwanba en sortant de la salle d'audience. Elle a ajouté en pleurant: «Aujourd'hui je suis à bout. Je veux une réponse pour que mon fils puisse être enterré comme tout le monde.»Marseille, 21 ans, a été déclaré coupable du meurtre non prémédité de David Nyagahene Mutunzi, survenu le 24 novembre 2007 dans un appartement de la rue Forest, à Montréal-Nord. Sans raison, peut-être parce que le jeune homme de 17 ans ne le prenait pas au sérieux ou le défiait, Marchath Marseille lui a tiré une balle dans la tête devant trois amis médusés. Effrayés, ces derniers, ainsi que Marseille, se sont enfuis. Dans la soirée, Marseille est revenu, semble-t-il, avec un autre homme. Ils ont nettoyé les traces de sang, ont chargé le corps dans la voiture de Marseille et l'ont fait disparaître. On ne l'a jamais retrouvé.

Immunité

Après le procès, en décembre dernier, pour inciter Marseille à révéler l'endroit où se trouve le corps, le juge Brunton avait proposé à la Couronne d'offrir une forme d'immunité à l'accusé. S'il interjetait appel de sa condamnation, ses confidences ne pourraient pas servir à l'incriminer. Cette offre a été officiellement transmise à l'accusé. Mais il n'a pas fléchi.

Le procureur de la Couronne, Jacques Dagenais, considère qu'il s'agit d'un facteur aggravant dont il faut tenir compte dans l'évaluation de la peine. La prison à vie s'applique automatiquement dans le cas d'un meurtre non prémédité; il s'agit donc de déterminer combien de temps le coupable devra passer en prison avant d'être admissible à une libération conditionnelle. Le procureur de la Couronne propose au moins 15 ans. L'avocat de la défense, Normand Boudreault, suggère plutôt de fixer cette période à 10 ans, soit la période minimale, comme l'a proposé le jury. Le juge Brunton rendra sa décision le 14 mai.