Alors que les premiers policiers arrivaient au chevet de Gabriel Dominique, abattu dans le stationnement du marché aux puces 5 Étoiles, les suspects de ce crime étaient déjà en état arrestation dans un autobus de la STM, plusieurs rues plus loin.

C'est ce qui se dégage de la preuve présentée hier au procès de Whoody Aristilde. L'homme de 22 ans est accusé du meurtre prémédité de Dominique, tué par balles le 18 février 2007 dans le stationnement du marché aux puces de Saint-Léonard. Le crime est survenu peu après 17h, alors que le marché aux puces fermait et qu'il faisait encore clair.

Le policier Jimmy Éric Santerre, qui patrouillait non loin avec son coéquipier, a reçu un premier appel à 17h13 pour un «homme tiré», a-t-il raconté, hier. Une minute plus tard, il était sur les lieux. Selon lui, il y avait environ 50 personnes sur place, et c'était la panique. Il s'est approché de la victime, étendue au sol, face contre terre, et s'en est occupé. Or, les caméras qui se trouvaient dans l'autobus 193 démontrent qu'à 17h04, cinq hommes vêtus d'amples vêtements sombres et de casquettes sont montés dans ce véhicule qui circulait en direction est rue Jarry. Manifestement nerveux, ils sont allés vers l'arrière. À 17h10, selon l'heure indiquée sur le film vidéo de la STM, des policiers ont intercepté l'autobus à l'angle de Jarry et des Galeries d'Anjou, et arrêté ces cinq hommes.

Le film démontre également que pendant le trajet, un des suspects (Aristilde, selon la Couronne) a sorti un objet de son pantalon et l'a donné à un autre homme, qui l'a glissé dans un sac à dos. Le jury a déjà appris que deux armes à feu ont été retrouvées lors de cette arrestation: une de calibre 357 dans le sac à dos de Marco Montpoint, et une autre de calibre 25, par terre dans l'allée du véhicule.

Mort rapide

Selon la preuve présentée hier, M. Dominique est mort très rapidement. L'agent Santerre a indiqué qu'à son arrivée sur les lieux, l'homme n'avait plus de pouls et ne respirait plus. Deux trous de balle étaient visibles dans son capuchon. En retournant la victime, il a constaté une blessure à la bouche, ce qui lui a fait conclure que c'était l'impact de sortie des balles. Il a aussi vu une blessure d'entrée de balle au thorax. Le policier a tenté des manoeuvres de réanimation qui n'ont rien donné. Les ambulanciers sont ensuite arrivés. M. Dominique a été déclaré mort à 17h28, par un médecin, dans l'ambulance.

Un peu plus tôt, hier, deux femmes qui se trouvaient dans le stationnement au moment du crime ont raconté que celui-ci s'était déroulé sous leurs yeux. Mélanie Chambon, vendeuse au marché aux puces, connaissait la victime comme un client régulier. Elle s'apprêtait à l'interpeller dans le stationnement pour lui faire une «blague», quand l'homme de 25 ans s'est écroulé devant elle, atteint d'un premier coup de feu. Le tireur faisait partie d'un groupe de quatre à cinq hommes de race noire, a-t-elle dit. Il portait un manteau noir, avec du beige ou du orangé au capuchon. Après le premier coup de feu, le groupe s'est approché de la victime. Elle a vu le tireur (le même, croit-elle) faire feu de nouveau. À deux reprises, pense-t-elle. Ensuite, le groupe est parti en courant vers la rue Jarry. Elle paniquait. Elle a appelé le 911. Le procès présidé par le juge Claude Champagne se poursuit ce matin.