Pour avoir laissé libre cours à ses frustrations dans des vidéos qu'il a mises sur le web, Claude-François Simard, mieux connu sous son nom de rappeur, KCLMNOP, est encore empêtré dans les filets de la justice.

Hier, après neuf jours d'enquête préliminaire échelonnés sur un an, la juge Louise Villemure a conclu qu'il y avait suffisamment de preuves à ce stade pour citer Simard à procès, sous des accusations de menaces envers trois policiers. Ceux-ci, Gilles Laurin, Robert Lambertz et Philippe Paul, ont eu affaire à Simard dans de précédents dossiers criminels. Laurin et Lambertz, aujourd'hui retraités, avaient arrêté Simard au milieu des années 90 pour une affaire d'agression sexuelle avec violence qui lui a valu 54 mois de prison.

Quant à Philippe Paul, il a enquêté dans une affaire d'importation de kétamine, en 2004, pour laquelle Simard est toujours en attente de procès.

Les menaces en question tiennent sur trois vidéos mises en ligne à partir de mai 2008. «What's up celle-là c'est pour la SQ, le crime organisé, l'antigang, Laurin, Lambertz, Paul Philippe, ceux qui sont allés voir ma famille pour leur dire que j'étais impliqué dans des meurtres sans jamais mettre de charge, ceux qui ont menti à ma famille, ceux qui tuent des vies, c'est vous les tueurs. Les ordinateurs vous trahiront tous», disait notamment le rappeur. Il était aussi question du fait que les policiers allaient perdre leur famille. «You want me dead, I want you dead, lead in your head», disait Simard en parlant de l'enquêteur Paul. Les trois policiers ont témoigné pour dire qu'ils avaient interprété les propos de Simard comme de l'intimidation, qui pouvait leur faire craindre pour eux et leur famille.

Simard se défend seul et, manifestement, ça ne lui réussit pas beaucoup. Il est détenu depuis son arrestation, en novembre 2008, à la fois pour cette affaire et parce qu'il avait omis de se présenter en cour à deux reprises dans son dossier sur la kétamine. En janvier dernier, la veille du début de son procès devant jury, il a congédié son avocat, provoquant du même coup l'avortement du procès. Il doit maintenant subir un procès devant un juge seul en février prochain dans cette affaire, mais il tient à un procès devant jury pour son histoire de menaces. La juge Villemure lui a fortement conseillé de prendre un avocat, mais Simard trouve qu'il se débrouille bien et soutient qu'il a vu les « beaux côtés » de se défendre sans avocat. Il doit se présenter en Cour supérieure en avril, afin de fixer une date de procès aux assises.