Accusé d'avoir semé la terreur dans le petit monde du commerce des vitres teintées, Yannick Larose a pu recouvrer sa liberté, hier, en échange d'une caution de 100 000$.

Au terme d'une longue enquête menée sous le sceau d'une ordonnance de non-publication demandée par la défense, le juge Claude Melançon, de la Cour du Québec, à Joliette, est parvenu à la conclusion que Larose se tiendrait coi jusqu'à son procès. «L'enquête sur cautionnement n'est pas un procès anticipé», a-t-il rappelé, en énumérant les grands principes de droit que doivent observer les juges quand vient le temps de décider de la détention ou de la libération d'un prévenu.

 

«Même dans les cas où la preuve est accablante, la présomption d'innocence demeure un critère primordial. La liberté d'un individu, c'est ce qu'il y a de plus précieux. On ne peut l'en priver sans des motifs extrêmement sérieux», a souligné le juge Melançon. Outre un dépôt de 25 000$ et une garantie hypothécaire de 75 000$ sur sa résidence de la rue St-Andrew, à Mascouche, Larose devra respecter diverses conditions, dont un couvre-feu entre 19h et 7h, sept jours sur sept.

À la demande de Me Steve Baribeau, de la poursuite, qui s'opposait farouchement à sa mise en liberté, Larose devra aussi s'abstenir de communiquer avec ses présumés complices ainsi qu'avec une vingtaine de commerçants et d'employés - actuels ou anciens - qui ont fait l'objet de menaces et d'intimidation ou qui sont susceptibles de témoigner contre lui. Il ne pourra pas non plus sortir du Québec sans la permission du tribunal. Et il devra se présenter chaque lundi à un officier du quartier général de la Sûreté du Québec, à Montréal.

À la tête de X Vitres teintées, qui comprend plusieurs franchisés à Montréal et ailleurs au Québec, Larose tentait, d'après la police, de s'assurer la mainmise de ce secteur de l'automobile par l'intimidation et la violence. D'une détermination maniaque, rien ne semblait vouloir l'arrêter, que ce soit à Montréal ou à Québec, où il a rencontré la plus forte résistance. En général, des hommes de main se chargeaient de faire entendre raison aux récalcitrants. Arrêtés au début de 2008, deux d'entre eux ont été condamnés à la prison. Ils ont déjà purgé leur peine.

Âgé de 36 ans, Larose, qui a un casier judiciaire, était à l'origine associé à Mario Brouillette, de la nouvelle génération de businessmen des Hells Angels de Trois-Rivières. Au moment de la rafle, en mai dernier, une vingtaine de personnes ont été arrêtées. Larose, lui, avait fui au Mexique. Il s'est livré à la Sûreté du Québec le 21 août à sa descente d'avion à l'aéroport Montréal-Trudeau. Son nom figurait sur la liste des fugitifs d'Interpol. Il fait face à 13 chefs d'accusation d'extorsion, deux de complot, un de méfait public et un d'entrave à la justice.