«Ma famille est détruite, mon père est détruit. Je vais me battre toute ma vie pour qu'il reste en dedans! À partir d'aujourd'hui, je suis son cauchemar», a juré hier Jean-Pierre Noël, quelques minutes après la comparution de l'homme accusé d'avoir poignardé à mort sa mère mardi après-midi dans le quartier Chomedey à Laval.

Ce quartier de l'île Jésus a d'ailleurs été le théâtre de deux meurtres à l'arme blanche en moins de 12 heures, à quelques rues de distance d'un nouveau secteur résidentiel.

 

Malgré les apparences, ces deux crimes violents et vraisemblablement gratuits ne sont pas liés. Ils ont par contre tous deux fauché la vie de gens sans histoire.

D'abord Nicole Lavoie, la mère de Jean-Pierre Noël, retrouvée sans vie dans une mare de sang chez elle dans la rue Ribeira Grande.

Mme Lavoie, 61 ans, avait subi de multiples lacérations et avait perdu beaucoup de sang à l'arrivée des policiers en après-midi. Mère de deux enfants, elle vivait seule avec son mari.

Quelques heures plus tard, Marc Décarie, locataire de l'appartement situé au-dessous de chez Nicole Lavoie, était appréhendé par les policiers lavallois.

L'homme de 43 ans a été accusé hier après-midi de meurtre au deuxième degré au palais de justice de Laval. Il était connu des milieux policiers. Il a déjà été condamné deux fois à trois ans de prison pour des chefs d'intimidation et de diffamation.

Le fils de la victime enragé

Dans la salle d'audience hier, le fils de la victime bouillait de rage et se tortillait sans relâche sur sa chaise, assis au premier rang.

Lorsque Marc Décarie s'est présenté dans le box des accusés, la tension était à son comble.

Frêle dans son t-shirt bleu, les cheveux ras, la mine basse, l'accusé n'a pas prononcé un mot. Le procureur a simplement demandé à la Cour de conduire Décarie à l'infirmerie dès son arrivée à la prison de Saint-Jérôme, pour y soigner une blessure à la main.

Le fils de Nicole Lavoie, un solide gaillard, a explosé au moment où l'accusé quittait la salle. «Mon ostie de sale! Tu t'en vas dans un enfer que je connais!» a-t-il tonné.

À la sortie du palais de justice, Jean-Pierre Noël fulminait et ne pouvait refouler ses larmes. «Il a tué ma mère après 43 ans de mariage avec mon père. Ça n'a pas d'allure des meurtres gratuits comme ça! C'est incroyable, ma mère, tout le monde l'aimait, c'était un ange!» a lancé le fils inconsolable.

Il a mentionné que ses parents avaient même déjà aidé l'accusé à la mort du beau-père de ce dernier.

Avant de vivre seul, Marc Décarie partageait son logement avec sa mère et son beau-père.

Jean-Pierre Noël n'a aucune idée des raisons qui ont poussé Décarie à s'en prendre sauvagement sa mère.

Même chose pour les enquêteurs lavallois, qui tentent toujours de recoller les morceaux de ce casse-tête.

Est-ce qu'une simple querelle entre voisins aurait pu dégénérer à ce point? «On n'écarte rien, toutes les hypothèses sont envisageables», a fait savoir l'agent Franco Di Genova.

Que de bons mots

Quant aux voisins interrogés, ils n'avaient que de bons mots à l'endroit de la victime.

«C'était une personne extraordinaire, fabuleuse. Il n'y a pas de mots pour décrire ces choses-là», a souligné Carole Kiljan, qui avait loué l'appartement à la victime il y a quatre ans.

Nicole Lavoie travaillait à temps partiel chez Cuir Danier, boutique nichée au Carrefour Laval. Les employés, consternés, ont préféré ne pas commenter le drame. «C'était quelqu'un d'exceptionnel», a simplement laissé tomber une employée

Dans le voisinage de la victime, Marc Décarie était décrit comme un homme étrange, taciturne, sans emploi. «Il inspirait de la pitié, il était toujours seul. Il disait qu'il était sur la CSST à vie», a souligné hier un jeune couple voisin, sous le couvert de l'anonymat.

Un bon vivant

Si les policiers lavallois semblent avoir dénoué rapidement le premier meurtre, une aura de mystère enveloppe toujours le second homicide, survenu tôt dans la nuit de mardi à hier, toujours dans Chomedey.

Le corps d'un homme de 34 ans a été retrouvé dans son appartement de la 100e Avenue.

La victime, Pascal Perreault, était un employé de la construction sans histoire et sans antécédent.

Comme Nicole Lavoie, il a été poignardé à mort.

Son patron, rencontré sur les lieux du crime, était en état de choc. «Je l'attendais au travail ce matin. Il était un super bon travaillant, un bon vivant», a commenté l'employeur.

Au moment de mettre sous presse, les policiers disaient ne détenir aucun suspect dans cette affaire.