Claude Moisan l'admet : il a pris une « mauvaise décision » en acceptant que son sous-sol serve à fabriquer des drogues de synthèse, comme de l'ecstasy.

L'homme qui, dans le même immeuble, exploitait avec sa conjointe une résidence certifiée pour personnes âgées dit qu'il a tout perdu dans cette aventure : son travail de camionneur, sa résidence de personnes âgées, sa santé et peut-être même sa conjointe, qui songerait à se séparer.

M. Moisan, 59 ans, a plaidé coupable à des accusations de possession de stupéfiants dans le but d'en faire le trafic. Hier, il revenait devant le tribunal pour les plaidoiries sur la peine à lui imposer. La procureure de la Couronne Danie Leblanc demande trois ans de prison, tandis que l'avocate de la défense, Me Josianne Michel, suggère 12 mois.

Les faits se sont produits en 2012. M. Moisan l'ignorait alors, mais la police surveillait le duplex qu'il louait depuis 20 ans au 3855, rue Fleury Est. Les policiers savaient qu'une presse à faire des comprimés y avait été livrée. Pendant la surveillance, les policiers ont vu beaucoup de va-et-vient dans l'immeuble, qui abritait pourtant sept personnes âgées au premier étage.

PERQUISITION

Le 9 mai, une perquisition a permis de découvrir dans le duplex des cigarettes de contrebande, 3178 pilules fabriquées, une presse qui pouvait en faire 110 à la minute, 14 grammes de cannabis, 1,1 gramme de haschish et de la poudre pour fabriquer des pilules. Une somme de 10 260 $ a été trouvée dans un coffre-fort

Hier, l'homme a assuré qu'il s'agissait d'argent qu'il a économisé avec le temps pour s'acheter une voiture.

M. Moisan demeurait au deuxième étage du duplex, la résidence pour personnes âgées était au premier, et c'est surtout sa conjointe qui s'en occupait. Au sous-sol, il avait aménagé un bar, qu'il appelait son « bar des Canadiens ». Il l'avait fait principalement pour ses enfants, car il préférait les voir au sous-sol plutôt qu'aller dans les bars où il y a de la drogue et des gangs de rue, a-t-il dit.

M. Moisan a signalé que beaucoup de monde voulait lui louer son sous-sol. Il a finalement accepté de le louer en 2012 à Michel Tremblay, qui allait le transformer en laboratoire.

« J'ai juste pas dit non », a relaté M. Moisan, hier, tout en soutenant qu'il « n'allait pas bien dans sa tête » dans ce temps-là. En retour, il devait obtenir une somme qui oscillait entre 6000 et 10 000 $. Mais l'arrivée de la police a changé les plans.

M. Moisan connaîtra son sort le 29 mars, alors que la juge Hélène Morin rendra sa décision sur la peine.

Photo Alain Roberge, Archives La Presse

Claude Moisan l’ignorait, mais la police surveillait le duplex qu’il louait depuis 20 ans au 3855, Fleury Est.